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Palimpseste n°7 : Penser les relations humains • non - humains

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Repenser le rapport de l’homme à la nature, la notion de nature, et donc le couple de concepts nature-culture, tel est le chantier qui s’ouvre à nous comme une des conséquences de l’exploitation illimitée des ressources naturelles. Cette exploitation qui investit désormais le moindre recoin matériel non seulement de la surface de la Terre, mais encore de ses océans, de ses sous-sols et de son atmosphère, et qui crée un monde de plus en plus « interconnecté », caractérise l’époque désignée comme Anthropocène ou Capitalocène.

Récemment, les anthropologues ont étudié les alternatives au modèle occidental du rapport nature-culture, modèle que symbolise le vocabulaire qui attribue à l’animal l’origine des deux plus grands vices humains – la bêtise et la bestialité  – inconnus du règne naturel. Le présent numéro de Palimpseste met en lumière toute la complexité de la tâche.

Le défi est de taille et pour le relever il faut, certes, du courage intellectuel allié à un sens aigu du politique, mais aussi une bonne compréhension des objets que la science se propose d’étudier, ainsi que des concepts pertinents, susceptibles d’appréhender, tout à la fois, la pluralité de situations à prendre en compte et l’ampleur des attentes.

En la matière, il convient d’avancer avec prudence. En effet, la remise en cause de la distinction entre nature et culture a conduit à la fin du XIXe siècle à une naturalisation de la culture, dont les conséquences désastreuses se font encore sentir : l’anthropologie évolutionniste (celle qui fait intervenir l’idée de la race dans le concept de l’humain), et donc le racisme, le darwinisme social, les inégalités de genres, l’eugénisme, etc. On peut donc hésiter entre remettre en question la belle formule de Wilhelm Dilthey : « c’est la culture qui est la nature de l’homme », ou plutôt redéfinir la culture et, partant, la place de la science en son sein.

Face à ces enjeux, la collaboration entre toutes les disciplines scientifiques est requise pour que, précisément, les objets étudiés par la science – nature et culture, leur interdépendance et leur histoire – soient correctement compris et interprétés. Car c’est un mauvais procès que l’on fait à René Descartes, en sortant du contexte son postulat, vieux de bientôt 400 ans, de rendre l’homme « maître et possesseur de la nature », postulat qui proposait avant tout de libérer la science de l’obscurantisme religieux, afin de pouvoir étudier librement le « grand livre du monde ». Invitation est faite à dépasser les angélismes, anciens et récents : Descartes a dû avancer masqué (larvatus prodeo, dans Cogitationes privatae). L’apport spécifique des sciences humaines et sociales concernera, entre autres, les méthodes d’interprétation qu’elles ont affinées au cours de leur histoire, nécessaires pour éviter le risque de vouloir produire des connaissances scientifiques des phénomènes que l’on ne comprend pas.

Titre de l'encadré
Éditorial
texte

Leszek Brogowski, rédacteur en chef
Vice-président Culture, science et société

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