Aline Benvegnú dos Santos
Quand êtes-vous entrée à Rennes 2 et pour y suivre quelles études ?
J’ai repris mes études en 2020, en master Humanités numériques. Je venais de finir une thèse à l’université de São Paulo au Brésil, en histoire sociale de l’art et de l’architecture, sur les cloîtres romans catalans de la fin du XIIe siècle. J’ai décidé de compléter ma formation avec un deuxième master.
Qu’est-ce qui vous a donné envie de faire ces études ?
J’ai réalisé une année de thèse à Paris, où j’ai découvert les humanités numériques, ce qui m’a décidée à m’orienter vers ce domaine. Nous travaillions avec des images, et nous devions les indexer dans une base de données. La structuration numérique nécessitait de décrire les images de façon normalisée, de déterminer un système avec différents niveaux de précisions et un vocabulaire lisible à la fois par des êtres humains et des machines. C’était une dimension des sciences humaines et sociales que je ne connaissais pas. Cela m’a donné envie de m’intéresser à ces outils techniques d’appui à la recherche, qui amènent de nouvelles réflexions disciplinaires et épistémologiques.
Comment s’est déroulée la formation ?
Pour intégrer le master, il est nécessaire d’avoir déjà un master, comme c’était mon cas, ou bien de s’inscrire en double cursus. Les cours étaient concentrés sur une journée, ce qui m’a laissé du temps pour effectuer des stages tout au long de la formation. Elle est structurée en deux versants : une partie théorique avec de l’épistémologie des humanités numériques, avec des cours de culture du numérique par exemple, et une partie plus technique avec de la programmation web ou des introductions à différents outils pour le traitement informatique et l’exploitation des données. Les évaluations se font surtout sur dossier, et dans l’idée de développer des outils qui peuvent être utiles pour l’autre master suivi.
Dans quelles structures avez-vous réalisé vos stages ?
Comme je l’expliquais, j’ai eu la chance de pouvoir effectuer des stages dès la première année de master, et c’est très important pour mettre en pratique ce qui est vu dans la formation. J’ai commencé par un stage court d’introduction aux bases de données en archéologie, puis par une expérience en information scientifique et technique à l’URFIST de Bretagne et des Pays de la Loire. Ensuite, à la MSHB, j’ai accompagné la gestion des données d’un projet soutenu par le CNRS. J’ai terminé par un stage de 6 mois dans une association de sauvegarde du patrimoine vernaculaire breton, Tiez Breiz, où j’ai travaillé sur des archives iconographiques à la numérisation et au développement d’une bibliothèque numérique.
Quel métier exercez-vous aujourd’hui ?
J’ai soutenu mon mémoire en septembre 2022, et j’ai intégré la MSHB en octobre, en tant qu’animatrice du datalab de Rennes. C’est un nouveau dispositif qui va être développé en réseau avec un datalab à Lorient et un à Brest, pour proposer une offre de service sur tout le territoire breton. Ma mission est de sensibiliser les enseignant·es-chercheur·ses, les doctorant·es et les ingénieur·es de laboratoires à la science ouverte. J’anime donc un cycle d‘ateliers mensuels pour présenter les enjeux, les outils et les bonnes pratiques de la science ouverte dans le domaine des sciences humaines et sociales. Je propose aussi un accompagnement spécialisé, pour réaliser un dépôt dans un entrepôt de données de recherche ou structurer les métadonnées d’un projet par exemple. J’ai également une mission d’orientation, où je fais le lien entre les chercheur·ses et des services compétents pour des besoins plus spécifiques, comme la protection des données personnelles par exemple.
Quel lien faites-vous entre votre formation et votre métier actuel ?
Le master m’a amenée à ce métier-là, je ne connaissais pas cette dimension d’appui à la recherche en sciences humaines et sociales, et m’a permis d’acquérir les connaissances théoriques et pratiques en lien avec les humanités numériques, les enjeux de la science ouverte par exemple. Mon envie personnelle était de continuer dans le domaine de la recherche académique, mais la formation mène aussi à d’autres secteurs comme la culture, le patrimoine, avec l’aspect très intéressant du traitement des archives notamment.
Que conseilleriez-vous aux étudiant·es qui envisagent de suivre la même formation que vous ?
C’est important d’être curieux·se pour suivre ce master, car on découvre des connaissances assez différentes de celles dont on l’habitude en sciences humaines et sociales, et qui peuvent en paraître éloignées : de l’informatique, des statistiques, etc. En plus de ces savoirs, il faut être prêt·e à s’autoformer très souvent. Chaque nouveau projet implique de se spécialiser dans un nouvel outil technique.
Sur le plan personnel ou extra-scolaire, que retenez-vous de vos années à Rennes 2 et de la vie sur le campus Villejean ?
Je venais d’arriver en France et nous étions une toute petite promotion, j’ai donc fait de très belles rencontres. Ces personnes que j’apprécie beaucoup sont aujourd’hui devenues des collègues. Je me souviens que nous déjeunions au soleil sur la petite place ronde devant le PNRV (bâtiment T), un endroit avec de beaux arbres que j’aime bien car il me rappelle mon campus au Brésil, même si ce n’est pas du tout la même végétation [rires].