Crédit photo : Clara R., Université Rennes 2
Plusieurs livres de Kundera sont visibles sur les tables de l’amphi B8, ce 21 novembre 2024. Venue assister à la journée d’études consacrée à l’écrivain, Ninon, étudiante en M1 Littérature générale et comparée, brandit fièrement son édition cornée de L’insoutenable légèreté de l’être : “J’ai adoré celui-ci ! Et L’Art du roman m’a beaucoup aidée pour mes dissertations.” Ancienne du master de lettres, Jasmine est, quant à elle, curieuse d’en savoir plus sur “le fait que ce soit un auteur étranger qui écrive en français”.
“Nous nous sentons proches de lui”
Son origine tchèque explique la présence de plusieurs enseignant·es-chercheur·es de l’université Masaryk, partenaire de Rennes 2. “Notre souhait est que la coopération entre nos établissements continue de se développer, car chaque pays pense avoir son propre Kundera, et nous tendons vers la convergence des points de vue”, a notamment expliqué Marcela Poučová, rappelant la censure du Parti communiste tchécoslovaque dont l’auteur a été victime dans les années 1970.
Vojtěch (au centre) et ses camarades, en double diplôme à l’Université de Rennes (IPAG) et à l’université Masaryk. Crédit photo : Anaïs Giroux, Université Rennes 2
Parfait·es représentant·es de la coopération universitaire franco-tchèque, Vojtěch et ses camarades, à Rennes dans le cadre d’un double diplôme en administration publique, connaissent déjà bien Milan Kundera, et pour cause : “Nous sommes originaires de Brno, sa ville natale, donc nous nous sentons proches de lui. Et nous sommes curieux et curieuses d’entendre le point de vue des personnes en France à son sujet.”
Ses multiples talents à l’honneur
En plus de la recherche littéraire autour de son œuvre, d’autres facettes artistiques de Milan Kundera ont été mises à l’honneur. Visible jusqu’au 13 décembre à la Chambre claire, une exposition intitulée « Nous avons tous besoin que quelqu’un nous regarde » présente 25 de ses dessins. L’occasion de découvrir son style graphique, naïf et ironique, propre à son approche moderniste.
Visite de l’exposition d’œuvres graphiques de Kundera (25 dessins) à la Chambre claire, introduite par Baptiste Brun, vice-président Culture et Documentation. Crédit photo : Clara R., Université Rennes 2
L’association étudiante Ciné Tambour a également projeté La Plaisanterie, adaptation de l’une de ses nouvelles sur un étudiant communiste ostracisé, dont le tournage a eu lieu en Tchécoslovaquie en plein Printemps de Prague. Milan Kundera en a coécrit le scénario avec son compatriote, le réalisateur Jaromil Jireš.
Rencontre avec Ariane Chemin, journaliste au Monde et autrice de l’ouvrage À la recherche de Milan Kundera, modérée par deux enseignantes-chercheures du CELLAM, Charline Pluvinet et Barbara Servant. Crédit photo : Sébastien Boyer, Université Rennes 2
L’amphi B3 prend le nom de Kundera
C’est sur le lien fort de l’Université Rennes 2 à Milan Kundera que ces deux jours d’hommage se sont achevés. “Il était très heureux d’être à Rennes, une sorte de refuge pour lui”, a affirmé le journaliste Georges Guitton en introduction de la table ronde “Kundera, professeur de littérature comparée à Rennes 2”, évoquant la célèbre tour des Horizons où vivaient l’écrivain et sa femme Vera.
“On assistait en direct à ses réflexions de romancier ; j’étais impressionné parce que mes professeurs eux-mêmes venaient assister à son cours”, s’est remémoré Dominique Sineux, doctorant et ancien étudiant de Milan Kundera. Son séminaire sur l’histoire de la littérature européenne, dispensé à Rennes 2 en 1979-1980, est ainsi à l’origine de son essai L’Art du roman. “Un excellent souvenir” partagé par Jacques Dugast, ancien professeur de littérature comparée de l’établissement.
Dénomination de l’amphithéâtre Kundera (anciennement B3), en présence de (de gauche à droite) David Alis, président de l’Université de Rennes, Vincent Gouëset, président de l’Université Rennes 2, Edwige Fusaro, vice-présidente International, Anabel Marie, conseillère municipale de la ville de Rennes déléguée à l'Europe et (de dos) Christelle Molina, directrice de l’INA. Crédit photo : Sébastien Boyer, Université Rennes 2
La journée s’est conclue par la dénomination officielle de l’amphithéâtre Kundera (anciennement B3), en témoignage du passage entre ces murs de l’écrivain dont les mots continuent d’accompagner la communauté universitaire.
Crédit photo : Sébastien Boyer, Université Rennes 2