Madame Lemonnier Sylvie présente ses travaux en vue de l'obtention du diplôme de doctorat en psychologie, sous la direction du professeur Patrick Martin-Mattera

Titre des travaux : La dynamique psychique de l'acte suicidaire.

Résumé :

L'objectif de notre recherche était d'améliorer notre compréhension de la logique psychique à l’œuvre au moment de bascule entre les idées suicidaires et la tentative de suicide. Nous avons considéré le passage à l’acte suicidaire comme un moment d’embarras qui de dépressif deviendrait mélancolique, durant lequel le sujet aurait le sentiment d’être coupable d’une perte irréparable, en raison de sa propre haine et de sa propre mauvaiseté. Nous avons choisie d’écouter le témoignage de ceux et celles qui ont survécu à leur(s) tentative(s) de suicide. Des entretiens cliniques de recherche uniques ont ainsi été proposés aux sept participants de la recherche. L’analyse de ces entretiens nous a permis de mettre en évidence, chez nos participants, un vécu de « misère originelle », c’est-à-dire un état d’aliénation à l’Autre, et une  identification à l’objet petit a réel, présent avant le passage à l’acte. Ce vécu de mort symbolique était également associé à un sentiment de décalage entre eux et le reste de la communauté, caractérisé par des autodénigrements. Lors du développement des idées suicidaires, le suicide apparaissait comme une échappatoire à une angoisse objectifiante. Le moment de bascule vers le passage à l’acte suicidaire survenait, quant à lui, chez nos participants, lorsque les objets qu’ils étaient (re)devenus, se sentaient exclus par l’Autre, d’un monde déjà hostile, les précipitant en dehors de la scène. L’Autre prendrait ici la figure d’un maître mettant à mort son esclave, celle d’une image idéale toute-puissante. La mort symbolique se double alors d’une exclusion encore plus radicale, qui entérine l’impossibilité de se penser comme ayant une place parmi les autres hommes.

Abstract :

The objective of our research was to improve our understanding of the psychic logic at work during the moment of transition between suicidal ideas and the suicide attempt. We considered the suicidal act as a moment of embarrassment which from depressive would become melancholic, during which the subject would have the feeling of being guilty of an irreparable loss, because of his own hatred and his own wickedness. We have chosen to listen to the testimony of those who survived their suicide attempt(s). Unique clinical research interviews were offered to the seven research participants. The analysis of these interviews allowed us to highlight, in our participants, an experience of «original misery», that is to say a state of alienation on the Other (l’Autre), and an identification with the real objet petit a, present before the suicidal act. This symbolic expérience of death was also associated with a feeling of disconnection between them and the rest of the community, characterized by self-denigration. During the development of suicidal thoughts, suicide appears as an escape from objectifying anxiety. The moment of transition towards the suicidal attempt occurred, for its part, in our participants, when the objects they had become felt excluded by the Other, from an already hostile world, rushing them off the stage. Here, the Other would take the form of a master putting his slave to death, that of an all-powerful ideal image. Symbolic death is then coupled with an even more radical exclusion, which confirms the impossibility of thinking of oneself as having a place among other men.