Vendredi 9 janvier

Soutenance de thèse de Mme Stella PAPAZISI

La soutenance de Mme Stella PAPAZISI se tiendra le vendredi 9 janvier 2026 à 14h00 à l'université Rennes 2 - Bâtiment Présidence - salle des Thèses - 7ème étage

Contenu sous forme de paragraphes

Sous la direction de M. Pierre-Henry FRANGNE

Titre de la thèse : La stase et la durée. Figures du temps dans l'oeuvre symboliste de Gustave Moreau, Odilon Redon et Fernand Khnopff

Résumé : Si la fin du XIXème siècle fut marquée par une expérience de désacralisation du tempsdaccélération de lhistoire et dinterrogations théoriques sur la nature du temps, elle fut en outre une période de crise de la notion dexpérience, corollaire, entre autres, de linvention moderne du concept de présent comme valeur en soi – concept toutefois déprécié parmi les artistes idéalistes, car jugé étroit et spirituellement appauvri. A lencontre de linstantanéité revendiquée par les impressionnistes, lesthétique symboliste proposa une peinture atemporelle et antihistoriciste, empreinte donirisme et de musicalité. Linactualité apparente des œuvres s'accordait avec une conception anhistorique de lartiste. En réactualisant le mythe romantique du génie isolé, les symbolistes valorisèrent le retrait solitaire dans lunivers intérieur, concevant l’œuvre dart comme une émanation de leur personne ; sil existe bien une homologie ontologique entre lartiste moderne et son œuvre, le symbolisme, de par son primat de la singularité artistique et son idéal schopenhauerien dun ascétisme esthétique, se fonda sur la négation manifeste de lhistoire au profit de la rêverie privée contemplative, en pensant la fuite hors du temps historique (s’érigeant en thème principal des œuvres) comme corollaire de la crise du sujet moderne. 
            Cette thèse sintéresse à la façon dont une certaine peinture symboliste, en particulier celle de Moreau, Redon et Khnopff, aborde la question complexe de la temporalité, enchevêtrant des concepts tels la stase (fixité des figures, immobilisme) et la durée (intérieure), en vue dune nouvelle appréhension de limage conçue à la fois comme archive, éminemment subjective, dintensités mnésiques, et comme cristallisation dun espace-temps imaginaire au sein duquel une portée métaphysique comble le manque dexpérience, et la complexité psychique se trouve restaurée à travers linstauration du temps ontologique, plurivoque de limage. Les œuvres picturales étudiées suggèrent des « pathologies » du temps historique/objectif, lesquelles semblent mieux traduire les ondes de lunivers psychique. A travers la suspension de laction et son éternisation dans la durée intérieure du symbole iconique, les peintres en question, chacun à sa manière propre, tentent de thésauriser le temps et de préserver une certaine religiosité de lexpérience subjective, en amplifiant le présent à travers des synthèses inédites de traces mnésiques hétérogènes. En imbriquant des fragments dun passé imaginaire, du rêve et de la mémoire, limage finit par devenir un spectacle de belles ruines, voire un monument de deuil impossible. Enfin, il sagit de penser aussi le débordement de lart hors des tableaux, notamment par une réflexion sur la maison et le musée, donc sur lintérieur des artistes, en tant qu’œuvres totales, projets dautofiction et de performance de lintimité en conformité avec cet esthétisme radical quest le symbolisme. 

 

La soutenance est publique
 

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