Date de publication
3 novembre 2025
modifié le

"Plus qu'une fac" saison 2, épisode 3 : avoir un enfant en licence

Découvrez chaque mois une voix étudiante sur des choses importantes. Dans cet épisode, Yma, devenue maman à 19 ans, nous raconte une histoire de casquettes.

L’Université Rennes 2, c’est bien plus qu’un lieu d’études. Dans chaque épisode de Plus qu’une fac, un ou une étudiante de Rennes 2 se confie sur ses choix, ses rencontres, ses peurs, ses envies… Sur ce moment de vie crucial où l’on commence à devenir soi-même. Formation, logement, engagement associatif et politique, etc. sont autant de thèmes abordés par le prisme de l’intime.

Avant sa licence d’AES, à 19 ans, Yma a eu un enfant. Elle nous raconte comment elle a combiné sa vie de jeune maman et d’étudiante à St Brieuc, sur le petit campus de Mazier. C’est une histoire de casquettes, dans Plus qu’une fac, le podcast des voix étudiantes sur des choses importantes. 

"Plus qu'une fac", S02E03
Contenu du texte déplié

[Musique du générique]

 

Voix off : Avant sa licence d’AES, à 19 ans, Yma a eu un enfant. Elle nous raconte comment elle a combiné sa vie de jeune maman et d’étudiante à St Brieuc, sur le petit campus de Mazier. C’est une histoire de casquettes, tout de suite, dans Plus qu’une fac.

 

[Fin de musique du générique]

 

Yma : Quand j'ai appris que j'allais être maman et que je suis devenue maman, on m'a posé beaucoup de questions sur mon futur, “mais tu vas pas arrêter tes études, mais qu'est-ce tu vas faire”, etc. Beaucoup d'interrogations. En même temps, je comprends les gens parce que je suis devenue maman à 19 ans. Moi, je m'étais toujours dit, en fait, je pourrais reprendre mes études si je veux. En plus, j'avais le soutien de mes parents. Je l'ai toujours, mais à cette époque-là, déjà, j'avais le soutien de mes parents. Une fois que mon fils est né, j'ai attendu un peu et ensuite, je me suis mise à travailler. J'ai travaillé dans les écoles, les centres de loisirs et tout ça. Normalement, à Saint-Brieuc, c'est des contrats d'agents polyvalents. Tu es autant animateur que dans la cantine, etc. Et donc, ça a été une mauvaise expérience parce que j'ai le BAFA. Je suis animatrice, donc j'avais les diplômes pour faire animatrice, mais je n'ai pas pu faire d'animation parce que la responsable du centre de loisirs me disait “bah non”, une fois pour rigoler, elle me dit “les femmes, c'est à la cuisine”. Et donc, moi, c'est des choses qui m'énervent particulièrement. Et ça m'a encore plus motivée pour reprendre mes études. Donc, en fait, ce n'était pas vraiment par rapport à mon fils ou mon statut de maman, c'était vraiment par rapport à moi ce que j'avais envie de faire. 

 

Donc, j'ai choisi de faire une licence AES à Mazier, à Saint-Brieuc. J'ai hésité entre plein de licences. beaucoup de choses. Et au final, la licence AES, c'est ce qui permettait de regrouper beaucoup de matière. Il y avait de la socio, de l'éco, du droit. Donc, c'était pluridisciplinaire, comme ils le disent sur leur site. Mais ça me laissait le choix et puis le temps, en fait, de réfléchir à ce que je voulais faire plus tard. Et aussi parce que je pouvais rester à Saint-Brieuc à Mazier. Je viens de Saint-Brieuc, j'ai fait ma scolarité à Saint-Brieuc et d'être au campus Mazier, je pense que c'est aussi ce qui a facilité ma reprise d'études. Après le bac, en fait, je m'étais inscrite en droit. Et donc, j'étais à Rennes à ce moment-là. Et je n'ai pas tellement aimé ça. je n'ai pas tellement aimé l'ambiance. Ça fait un peu pro-Rennes 2 quand je dis ça. En fait, je n'ai pas tellement aimé l'ambiance. Il fallait vraiment beaucoup apprendre, apprendre, apprendre, apprendre et rentrer dans une case. Et parfois, je n'étais pas forcément d'accord avec certaines choses. Et donc, je pense que finalement, j'ai aussi pas seulement abandonné à cause du Covid et du fait que je sois tombée enceinte, mais aussi parce que je n'avais pas forcément envie de continuer ces études-là. 

 

Ce que je trouve bien dans l'AES, c'est le fait que c'est multidisciplinaire comme ça. Ça nous donne une vision plus globale que de rester dans une matière en particulier comme le droit et d'avoir une vision juste à travers le droit. Là, ça nous donnait des points de vue à travers différentes matières. Et parfois, en fait, on pouvait regarder une situation à travers un regard plus économique, à travers un regard plus de socio. Et tout ça en le remettant dans le contexte historique et dans le contexte juridique, en fait. C'est ce qui m'a plu, en fait, et de pouvoir me faire mon propre point de vue et de choisir quel point de vue, de quelle matière je préférais. 

 

[Virgule musicale]

 

Yma : Comme je suis jeune, maintenant ça va un peu mieux parce que je suis un petit peu moins jeune. Mais c'est vrai qu'au début, même dans la rue, on voit le regard interrogateur des gens. Tiens, est-ce que c'est les parents ? Est-ce que c'est la nounou ? C'est un peu de curiosité, je dirais, plutôt que du rejet. Je m'y suis habituée, en fait. J'ai même eu l'habitude, quand on me disait “Ah, mais vous avez quel âge ?”, j'ai souvent pris l'habitude de me grandir, en fait. C'est vrai qu'au début, je disais “Oh bah, j'ai 22 ans !” alors qu'en fin de compte, j'en avais 19. Mais j'essayais de choquer les gens le moins possible. Et je me rappelle, en L1 justement, j'avais dit à personne que j'avais un enfant. Et puis, peut-être au bout d'un mois, un truc comme ça, il y a une de mes copines que je m'étais faite. Je discute avec elle et je dis “Bah non, là, je ne vais pas pouvoir venir parce que je dois garder mon fils” ou un truc comme ça. “Mais ton fils ?” Mais au final, tout s'est super bien déroulé. Et puis même maintenant, à Rennes, on fait des soirées dans mon appartement parce que c'est plus facile. Comme ça, mon fils, il dort à côté, et puis nous, on fait notre petite soirée tranquille. 

 

Donc globalement, par rapport aux étudiants, c'est super bien accueilli. Bon, des fois, je suis un peu… Des fois, les gens, ils pensent que je suis la daronne du groupe. En même temps, c'est un peu difficile de se détacher de certains rôles ou de certaines étiquettes. Mais en même temps, ce n'est pas une étiquette qui me dérange tant que ça. Globalement, au début, les gens sont étonnés, et puis ils s'y font vite. Ça va un peu avec… Je ne dirais pas mon personnage, mais peut-être par rapport à ma personnalité ou même si les gens ne savent pas que je suis maman, une fois qu'ils le savent, ils ne sont pas si étonnés que ça. Donc voilà. 

 

La question de l'organisation, de comment je ferais pour m'organiser entre les cours et les révisions, les choses comme ça, je me la suis posée un peu tard, en fait. J’ai trouvé une nounou avec qui j'étais complètement en confiance. Une super nounou, en fait, quand je travaillais dans les écoles et les centres de loisirs. Elle était très arrangeante sur les horaires. En plus d'avoir mes parents en cas de besoin pour les gardes, etc., même si mes parents travaillaient encore à côté, donc ils ne pouvaient pas tout le temps le garder. Au moins, j'avais aussi la nounou qui était là. 

 

Mazier, c'est un petit campus. Et les cours sont plus organisés comme au lycée, donc sur des plages horaires plus faciles qu'à Villejean. Il n'y a pas un cours par ci par là. Des fois, on finit à 20h, etc. Donc c'était globalement entre 8h et 18h. Des fois, on enchaînait des assez grosses journées comme on pouvait faire au lycée. Donc en fait, finir à 18h, c'était facile, quoi. Pour les révisions, la plupart du temps, je travaillais le soir, en fait. Une fois que mon fils était couché, c'est ça. En fait, je fais toujours ça. Une fois que je l'ai couché, je révise. On a les grosses périodes de révisions. Les week-ends, c'est mes parents et mes sœurs aussi. Donc j'ai eu la chance d'avoir vraiment un gros soutien familial sur ce point-là. 

 

C'est vrai que des fois, j'avais un peu la tête sous l'eau, où il y avait des devoirs à rendre assez régulièrement en TD ou des choses comme ça. Si vraiment, je ne pouvais pas rendre un devoir parce que je ne m'y étais pas prise à l'avance, ou si je n'avais pas pu le faire tellement j'avais la tête dans le guidon. Il y a des fois où j'ai expliqué aux profs qu'en fait, j'avais un enfant et qu'il n'avait pas dormi la nuit. Surtout que mon fils était bébé à cette époque-là. Il y a des fois où j'ai expliqué la situation et les profs ont très bien compris. Sachant que souvent, les profs ont des enfants aussi, donc ils comprennent bien. 

 

[Virgule musicale]

 

Yma : Le Campus Mazier, c'est vraiment… J'ai trouvé ça différent du Campus Villejean. On appelle ça un campus de proximité. La proximité, c'est vraiment le mot. Déjà, le campus, c'est tout petit. Il y a combien de bâtiments ? Il y a un IFSI. C'est un bâtiment un peu plus extérieur en fait. Il y a l'IUT que de l'autre côté du trottoir. Il y a une petite cafette, un petit rue. Et donc, il y a 4-5 bâtiments pour la fac justement. Il y a des licences comme STAPS et AES aussi, des licences de Rennes 2. Il y a aussi Rennes 1. Il y a la licence de droit là-bas. Donc comme ça en fait, ça rassemble plein de petites antennes de partout. 

 

Dans les promos, on n'est pas beaucoup. En arrivant en L1, il y a beaucoup de monde. Bon, au fur et à mesure, les gens partent. Donc on perd du monde. Et au final, on se retrouve en… c'est ça, en fin de L1 ou en L2, on est 60 quoi je crois. Enfin, ça fait 2 TD, même pas 60 je pense. Les gens sont plus proches. Enfin, c'est l'impression que j'ai, ben ça crée ça quand on est un peu plus petit comité quoi. Quand on est dans des plus petites classes forcément, on connaît mieux nos profs. 

 

Mais c'est vrai que j'ai senti la différence avec Villejean parce que même si nos profs avaient des cours magistraux par exemple à Saint-Brieuc en fait, on les connaissait quand même et eux, ils voyaient globalement qui on était. Sans dire que chaque prof connaissait chaque élève quoi. En arrivant à Rennes, j'ai senti la différence. Enfin, je suis contente d'y être arrivée qu’en L3 en fait. Je trouve que c'est plus simple. T'es au lycée, t'es dans des petites classes tranquille ou avec ton prof référent et puis ensuite t'arrives à Mazier tranquillou. T'as tes petites promos et puis les profs sont vraiment plus présents, plus encadrants en fait. Ils te donnent des travaux à faire pour la séance d'après. Ils notent vraiment beaucoup les présences, les choses comme ça. T'es plus encadré en fait et je pense que ça peut être rassurant d'un côté. Après, il y a des personnes à qui ça ne va pas. Et ensuite, arriver à Rennes, c'est vraiment plus la liberté de la fac comme je me l'imaginais. Tu arrives, il y a plein d'étudiants, il y a des campus remplis et puis t'es juste tout seul, tu fais ton petit truc. C'est vraiment une dynamique différente quoi. 

 

[Virgule musicale]

 

Yma : Le fait d'être maman, ça m'apporte peut-être un petit peu de maturité. Et puis, j'ai un autre rôle que le rôle d'étudiante uniquement. Maintenant, arrivé au niveau master, il y a énormément de gens qui ont un boulot à côté ou des activités ou une asso à côté. J'ai plusieurs rôles. J'ai l'impression d'avoir plusieurs casquettes des fois. Je sors de cours, je vais chercher mon fils à l'école. J'ai l'impression des fois d'arriver le matin, je mets ma casquette étudiante. J'arrive, je mets ma casquette de maman pour aller à la sortie de l'école avec des personnes qui ont des enfants et qui ont une vie complètement différente parce qu'ils ont un boulot, une maison, la famille un peu plus classique comme on la connaît. Le monde des étudiants, le monde des parents que je rencontre à l'école, c'est vraiment deux mondes assez différents. Deux mondes que j'aime bien, mais j'apporte un peu des deux mondes dans chaque rôle que j'ai. 

 

Des fois, en fait, ça me laisse pas choix. Je fais les choses. Je sais pourquoi je les fais. C'est ça, une détermination et une motivation. Je suis là et je sais pourquoi je suis en cours. Il y a vraiment une différence entre le niveau licence et le niveau master parce qu'en licence, en L1 et en L2, il y a beaucoup de gens qui partent, qui se réorientent, qui arrêtent les études. Maintenant, arrivé au niveau master, tout le monde est vraiment motivé en fait, et la section, elle est assez longue, assez difficile. Il n'y a pas beaucoup de place. Donc là, je sens moins la différence de motivation. Entre le fait d'être maman et la fac, tout s'est bien combiné et puis je trouve que tout le monde était très compréhensif. Voilà, tout s'est fait petit à petit par étapes, une fois que j'étais prête à faire les choses.

 

[Musique du générique]

 

Voix off : Merci à Yma, que vous retrouverez dans le prochain épisode, tandis qu’elle s’apprête à partir étudier durant un an au Cambodge. 

 

[Fin de musique du générique]

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