En février 2022, un groupe de travail co-présidé par le climatologue Jean Jouzel et Luc Abbadie, professeur d’écologie, a remis au ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche (MESR) un rapport consacré à la sensibilisation et à la formation aux enjeux de la transition écologique et du développement durable dans l’enseignement supérieur. S’appuyant sur ces préconisations, la ministre Sylvie Retailleau a annoncé en octobre 2022 la généralisation de cet enseignement, et notamment « l’offre de nouveaux enseignements dans les cursus de tous les étudiant·e·s : parallèlement à l’adaptation des enseignements déjà existants dans les différentes thématiques des cursus, des enseignements spécifiques à la transition écologique devront être apportés aux étudiants au plus tard en 2025 ».

Pour Edouard Bouin, chargé d’enseignement et administrateur général de l’association Agir pour le climat, il est indispensable pour réussir cet objectif d'intégrer les étudiant·e·s dans la construction de la stratégie à déployer. En janvier 2023, il a ainsi mis en place à l’Université Rennes 2 un atelier « au service de la réalisation d’un élément de cette stratégie, […] qui vise à amener les étudiant·e·s à comprendre et mettre en œuvre des outils de collectes de données, d’enquête, d’observation, d’analyse et de formulation de proposition d’actions. »

Répartis en petits groupes de travail, une vingtaine d’étudiant·e·s en master 1 de géographie (toutes mentions confondues) a donc un semestre pour effectuer un état des lieux connaissances de leurs camarades, des actions menées sur les campus, et en proposer une analyse et des recommandations. Ils développeront un questionnaire en ligne et seront notamment reçu·e·s par des personnels de Rennes 2 comme Julie Clément, chargée de projet Développement durable ou encore Nadia Dupont, vice-présidente Offre de formation, qui a assisté à la présentation du rapport et de la réponse de Sylvie Retailleau à Bordeaux.

« La première séance a montré que malgré un intérêt et un socle de connaissances sur le sujet, les données, les définitions, les acronymes etc. restent approximatifs. Un des éléments soulevés dans le rapport est justement la perte de savoirs sur ces thématiques entre le secondaire, où des enseignements existent, et l’enseignement supérieur », détaille Édouard Bouin. Un des groupes travaille donc précisément sur ce point : « Nous avons regardé des manuels de la 6^e à la terminale, et à première vue nous constatons qu’il n’y a pas de chapitre dédié à la question environnementale, seulement des éléments transversaux abordés au passage. Nous remarquons aussi que les termes sont assez généraux, on parle par exemple de « développement durable » sans vraiment préciser ce que cela recouvre. »

« En tant que futur·e·s géographes, c’est précisément ce travail que nous allons être amené·e·s à faire demain », relève l’un des participants. Tous et toutes se destinent à un métier en lien avec la protection environnementale (hydrologie, revitalisation des villes, renouvellement de l’habitat, mobilités, etc.) et expriment le souhait d’enrichir leurs connaissances avec des exemples pratiques et des cas concrets, afin de « se sentir légitime ». Une étudiante précise : « J’attends de ce travail de pouvoir offrir à tout le monde des connaissances techniques sur le sujet mais sans créer d’anxiété ni être défaitiste, en montrant ce qu’il est possible de faire à son échelle. » Ils présenteront les premiers éléments de leurs travaux lors de la semaine du Développement Durable, qui se déroulera du 27 au 31 mars sur le campus Villejean.