Date de publication
11 juin 2024
modifié le

Expédition dans le grand Nord pour le climatologue Hervé Quénol

Du 19 au 29 août 2024, le directeur de recherche CNRS embarquera à bord du voilier Peter Pan d’Arctic Lab, pour étudier les effets du réchauffement climatique dans les fjords de l'ouest de l'Islande.

portrait du climatologue Hervé Quénol

Vous travaillez actuellement en Nouvelle-Zélande. Qu’y faites-vous ?

En effet, je suis normalement basé à Rennes 2, où je travaille au sein du laboratoire LETG sur l’impact des changements climatiques aux échelles locales. En 2016, j’ai lancé un premier laboratoire international (IRP, International Research Project) sur l’adaptation de la viticulture au changement climatique. Je viens donc régulièrement ici en mission, à l’Université de Christchurch.

Quelle va être votre mission en Islande ?

Des collègues de mon laboratoire ont travaillé avec le navigateur Vincent Grison, lors de l'expédition Rennes-Pôle Nord en 2021, et j’ai installé des capteurs sur son voilier en 2023. Dans le cadre du programme Arctic Lab, il accueille des chercheurs et chercheuses (ou des artistes) en résidence à bord. Pour ce projet, nous allons installer un réseau de capteurs de température au nord-ouest de l’Islande, notamment dans une réserve naturelle, pour étudier les climats locaux sur plusieurs années. Cela va nous permettre d’obtenir de longues séries de données permettant d’affiner spatialement les projections du climat futur . Mon collègue du LETG Samuel Corgne va ainsi pouvoir réaliser un suivi de la croissance de la végétation en associant ces données à des images satellitaires. Dans le contexte du réchauffement climatique, nous allons pouvoir montrer l’impact de la hausse des températures sur les plantes et tout le reste de l'écosystème - car si la croissance des plantes est précoce, cela impacte la faune qui en dépend pour se nourrir, leur reproduction, etc.

Le voilier d'Arctic Lab naviguant en Islande © Arctic Lab
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Le voilier Peter Pan d'Arctic Lab lors d'une précédente mission en Islande. © arcticlab.fr

Est-ce la première fois que vous vous rendez en Islande ? Comment vous préparez-vous ?

Oui, c’est une première pour moi, tout comme vivre sur un voilier pendant deux semaines ; jusqu’ici je n’ai navigué que quelques jours dans le golfe du Morbihan [rires]. Cela va être assez sympa à découvrir. L’avantage c’est que je suis déjà habitué au froid puisque nous sommes en hiver en Nouvelle-Zélande [rires]. Sinon, j’ai toute une liste d’équipement transmise par Vincent Grison. Et je pars avec une quinzaine de capteurs de température, qui ressemblent à des toutes petites sondes. Sur place, nous allons acheter le matériel que je ne peux pas transporter en avion (les piquets par exemple). Actuellement nous travaillons surtout pour avoir les autorisations d’accéder à ces terrains. Certains sont privés. J’ai la chance de pouvoir compter sur la collaboration de Peter Weiss, mon homologue à l’université de Ísafjörður (University Centre of the Westfjords), qui facilite grandement la préparation. Le but de l’expédition est aussi de consolider et de développer notre partenariat avec cette université.

 

Quel est le lien avec la viticulture, l’une de vos spécialités ?

La viticulture est une application de ce que j’étudie. J’ai déjà travaillé sur d’autres cultures, ou même sur la faune au Brésil par exemple. Le lien c’est donc de comprendre en quoi le climat local peut avoir une influence sur la biodiversité.

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