
Ce colloque se propose d’étudier les films produits sur et par les autochtones d’Amazonie en lien avec leur circulation et diffusion, leur réception et leur dimension critique. Bien que la visibilité des expressions autochtones soit manifeste sur tous les fronts au cinéma, comme dans les autres domaines artistiques, les productions audiovisuelles de ces communautés continuent d’être soumises à diverses formes de marginalisation.
En dépit des nombreux obstacles rencontrés par ces cinéastes, leurs films sont des vecteurs de combats et de mobilisations sociales essentiels. S’ils contribuent à la reconnaissance des droits et des cultures autochtones, à l’émergence des revendications des femmes et à la constitution d’archives, ils sont aussi un espace d’utopie pour le monde contemporain.
Le colloque s’attachera à examiner, en lien avec la construction de nouveaux regards, les enjeux artistiques, épistémologiques et politiques portés par ces cinémas, qu’ils soient documentaires ou expérimentaux, et par l’art vidéo présents sur les scènes artistiques mondiales, à l’instar de la Biennale de Venise de 2024. À quelle reconnaissance des cultures autochtones et à quelle visibilité de leurs luttes contribuent-ils ? Si l’on peut considérer qu’elles relèvent de l’art dit « activiste », quelles sont les spécificités de ces pratiques cinématographiques qui font aussi entendre des luttes identitaires ? Comment s’y articulent les relations entre leurs visions du monde et leurs combats ? Comment ces films dessinent-ils les contours d'une pensée politique globale de résistance qui ouvre, en même temps que le respect des leurs droits, la défense de leur écosystème et de leur mode de vie, d’autres horizons pour le monde. En quoi permettent-ils de faire entendre les voix des autochtones à travers la circulation de ces images qui construisent d’autres « représentations » susceptibles d’ouvrir le regard sur d’autres perspectives ? À quelles formes de savoirs donnent-ils accès et comment reconfigurent-ils les savoirs vivants autochtones ?
Entre regards documentaires et imaginaires poétiques, ces pratiques visuelles nourrissent des représentations des autochtones qui ont considérablement renouvelé les représentations traditionnelles souvent stéréotypées, de l’Autre et de l’Ailleurs. Il s’agit ainsi d’étudier comment le regard sur les communautés autochtones principalement au Brésil – mais il sera ponctuellement question de pays limitrophes – s’est transformé à travers le cinéma et plus récemment l’art inscrit dans le « tournant ethnographique », d’explorer dans ces productions audiovisuelles un regard critique radical qui s’incarne dans d’autres visions du monde et d’autres imaginaires.
Organisé dans le cadre de la saison croisée Brésil-France, cet événement est la première étape du cycle « Regards Fluides/Olhos Fluidos » qui se poursuivra en octobre 2025 à São Paulo, Rio de Janeiro et Bélem.
Les communications du colloque seront en français, sauf deux qui seront traduites.