Date de publication
2 mai 2025
modifié le

RMTAB : un projet sur les métiers du troisième âge en Bretagne

Lauréate en 2024 de l’appel TISSAGE (TrIptyque Science Société pour Agir Ensemble), cette recherche vise à redonner du sens et de l’attractivité aux métiers de l’accompagnement des personnes âgées. 

L'équipe du projet RMTAB lors de leur dernière réunion de travail
Légende

L'équipe du projet RMTAB. De gauche à droite : Laurence Hardy (Askoria), Camille Pérusse (KozhEnsemble), Nolwen Gueguen (KozhEnsemble), Vanessa Thouroude (UR2), Gudrun Ledegen (UR2, PREFICS & LLL-UMR7270), Mélanie Lasimant (Conseil Départemental 35).

Pouvez-vous nous décrire en quelques lignes le projet “Représentations des métiers du troisième âge en Bretagne” (RMTAB) ? 

Dans le contexte actuel de problème d’attractivité des métiers du grand âge, le projet de recherche RMTAB propose d’examiner les représentations sociales attachées au grand âge et aux métiers déployés à ses côtés, pour identifier les difficultés et les bienfaits qui s’y font jour.

Le projet entreprend de réfléchir collectivement, avec un très grand nombre d’acteurs, à des solutions nouvelles et adaptées aux enjeux du vieillissement.

Pouvez-vous nous décrire en quelques lignes les différents partenaires impliqués dans le projet et leur activité au sein du projet ?

Notre équipe réunit les regards et points de vue différents de sociologues, de sociolinguistes, éthicien·nes, institutionnel·les, associatif·ves qui permettront d’enrichir les analyses, et de donner des éclairages différents d’une même question.

  • Gudrun Ledegen, professeure des universités en sciences du langage (sociolinguistique - analyse du discours) à l’Université Rennes 2 

  • Vanessa Thouroude, docteure en sciences du langage (sociolinguistique - analyse du discours) à l’Université Rennes 2 

  • Nolwenn Gueguen, directrice de Kozh Ensemble - le gérontopôle de Bretagne 

  • Kozh Ensemble - le gérontopôle de Bretagne : participation active au projet + son réseau large de partenaires, y compris des collectifs de retraité·es

  • Conseil départemental d’Ille-et-Vilaine : participation active au projet + un contact facilité avec les EHPADs du département mais aussi avec les institutionnel·les qui pourraient participer au projet

  • Askoria : participation active au projet + un accès facilité aux lieux de formation et aux structures du domicile en lien avec leurs réflexions en cours sur les métiers des solidarités afin de 

    combiner la recherche, la formation et la pratique professionnelle à l’échelle du territoire dans le domaine de l’intervention sociale

  • ESSILL-Lille : avec la participation d'Albin Wagener, chercheur en sciences du langage, dans les phases comparatives avec la région Hauts-de-France (différents séminaires)

Quelles sont les différentes étapes du projet, et où en êtes-vous aujourd'hui ?

Le projet RMTAB permet de réunir un premier noyau de personnes, et des personnes et institutions ressources,  en vue d’un projet de recherche participatif, qui vient tout juste d’être déposé : il s’agit d’une réponse à l’appel à projets “Analyse des politiques de l’autonomie (APOLAU)”, dans le programme Autonomie de l’IRESP-CNSA, sous le titre Représentations sur le Grand Âge et Analyse Textuelle en Bretagne  (ReGAATe - Bretagne).

Ce projet se déroulera sur toute la région Bretagne (différentes structures, associatives comme publiques, auprès de publics distincts, soit environ 200 personnes), et procèdera à une comparaison systématique avec les Hauts-de-France, où un projet miroir s’organise (RAMTAH) dans les mêmes conditions, afin d’identifier les récurrences et les particularités pour chaque région et département.

Il s’agit d’un travail avec un vaste réseau de partenaires, dont, au premier chef, les personnes concernées, et avec une approche participative : seront rencontrés, lors de nos différents terrains et les 7 séminaires, autant les personnes âgées, les institutions qui les accueillent (responsables et personnels), celles qui aident les personnes à rester à domicile en autonomie, les formations qui préparent aux différents métiers qui y œuvrent (incluant donc les formateurs et les formé·es), les familles, aidants et associations qui sont concernés, et enfin, les publics jeunes. 

Le projet TISSAGE a pour objectif de favoriser les rencontres entre les citoyen·nes, les chercheur·ses et les décideur·ses. Quel est l'impact souhaité du projet pour la société civile ?

RMTAB prépare un projet qui réunit un vaste réseau de partenaires, solidement implantés et impliqués dans la problématique étudiée, qui co-construisent entre eux et avec les différents partenaires du terrain. Nous explorons le terrain, avec une méthodologie bottom up et participative, qui permet une entrée et une présence sur le terrain progressive et peu intrusive, inspirée de l’éducation populaire et de la technique des entretiens compréhensifs. Le projet prend ainsi appui sur une philosophie commune : le fait de faire recherche en commun, de travailler systématiquement en coordination conjointe, avec et par l’ensemble des partenaires. Nous créons ainsi “les conditions de l’engagement de chacun et de la co-construction de la connaissance. Une certaine posture humaniste apparaît ici non pas seulement comme un simple “surplus moral” mais, au contraire, comme une des conditions, quasiment méthodologique, du développement des recherches-actions collaboratives” (Les chercheurs ignorants, 2015 : 279).

L’objectif du projet est ainsi de co-construire des solutions avec les acteurs concernés pour redonner du sens et de l’attractivité aux métiers de l’accompagnement d’une part, et d’identifier les instruments de promotion de la bientraitance, d’empowerment à partir des expériences sensibles des personnes concernées (résidents/personnes accompagnées et professionnel·les). 

Nous travaillons l’impact sur la société civile par la co-construction tout le long du projet, jusque dans la restitution à la société des résultats de nos recherches sous forme de théâtre-forum, de podcasts pouvant servir au sein de formations, de publications de valorisation accompagnées de photographies.

En quoi ce projet est-il innovant ?

Notre projet se distingue par plusieurs aspects :

  • Le fait de ne pas considérer que la recherche de solutions à l’attractivité des métiers du grand âge est le domaine réservé à quelques-uns (institutionnel·les, directions d’établissements) mais l’affaire de tous les acteurs impliqués. Pour cela nous interrogerons toute la chaine ; des jeunes en orientation professionnelle aux personnes âgées, des professionnel·les aux formateur·rices…

  • Sa pluridisciplinarité (sociolinguistique, sociologie, sciences médicales et éthique) et parce qu’il fait travailler ensemble, à toutes les phases du projet, des chercheur·es, des professionnel·les et les personnes concernées.

  • Le fait de mener une recherche en partant du terrain (grounded theory), neutre le plus possible d’hypothèses, pour travailler à partir de ce que les personnes concernées disent et de ce que le binôme chercheur·e/société civile voit lors des observations.

  • Le fait d’accéder aux terrains de la façon la plus naturelle, ethnographique, possible, et de combiner dans nos analyses l’approche qualitative et quantitative (lexicométrique) des discours provenant d’un grand nombre d’acteurs distincts.

  • L’utilisation d’outils de l’éducation populaire (théâtre forum, photolangage) pour diffuser notre recherche auprès d’un public élargi, tout en constituant un nouveau terrain d’observation, pour enrichir de nouvelles analyses jusqu’à saturation du modèle d’analyse.

    Mots clés
    v-aegirprod-1