Date de publication
13 mars 2023
modifié le

Le projet SCORE contre le racisme dans le sport

Noemi Garcia-Arjona, maîtresse de conférences en STAPS et membre du Laboratoire VIPS² (Valeurs, Innovations, Politiques, Socialisations et Sports), nous présente le projet européen SCORE, qui vise à lutter contre le racisme et les discriminations dans le sport.

Pouvez-vous nous présenter le projet SCORE ?

SCORE est un acronyme pour Sporting Cities Opposing Racism in Europe. Il désigne un consortium de partenaires européens (villes, associations, et universités) de six pays différents (Espagne, France, Irlande, Suède, Grèce, Autriche). Financé par la Commission européenne pour une période de 2 ans (2022-2024), le projet vise à lutter contre le racisme et les discriminations dans le sport, avec deux grands objectifs. Le premier est de créer une synergie à l’échelle locale, dans les micro-espaces où s’opèrent au quotidien des échanges, des actions concrètes. C’est d’ailleurs pour cela que sont impliqués dans le projet des entités publiques (des municipalités mais aussi des ministères) et des associations/ONG de terrain. Le deuxième objectif est la promotion du sport comme outil d’intégration et de prévention contre l’intolérance et les actes racistes et xénophobes.

Comment est né le projet ?

Le laboratoire VIPS2, dont je fais partie, travaille depuis longtemps sur les liens entre le sport et les discriminations. On sait que ces actes ont toujours été présents dans le domaine du sport, à toutes les échelles ; on en a d’ailleurs eu un exemple médiatisé avec le harcèlement sur les réseaux sociaux qu’ont subi trois joueurs racisés de la sélection anglaise ayant manqué leur tir au but lors de la finale de l’Euro 2021. Les villes européennes réunies dans ce projet sont concernées par des phénomènes migratoires importants. Elles ont donc fait appel à notre expertise pour réaliser une étude comparative des programmes sportifs et d’expériences de lutte contre les discriminations dans le sport à l’échelle européenne. J’ai la chance de compter sur une équipe très dynamique de quatre collègues chercheurs et trois doctorant·e·s du laboratoire qui m’accompagnent dans cette aventure, ainsi que sur le soutien technique et de pilotage de projet du Pôle Europe de la DRV, que je remercie particulièrement.

Comment l’étude se déroule-t-elle ?

L’idée de départ était de mener une recherche collaborative, nous avons donc impliqué d’emblée les partenaires du projet, même ceux qui ne sont pas scientifiques, dans toutes les étapes de la recherche. Cela a demandé un véritable travail de traduction : nous n'avions ni les mêmes langues, ni les mêmes contextes de migration, ni les mêmes manières de concevoir la diversité ou l’intégration, sans compter le risque de relativisme culturel. Nous avons donc beaucoup débattu et c’était très enrichissant ! Nous avons conçu ensemble un questionnaire en 6 langues analysant les programmes, leur public cible et les organismes porteurs des projets sur deux grands axes : l’inclusion de minorités et la prévention des actes de racisme et discriminations. Nous allons prolonger cette analyse quantitative par des études de cas.

À quoi serviront vos résultats ?

À partir de nos résultats, les partenaires vont prendre le relai pour partager les bonnes pratiques et proposer des outils concrets à l’échelle locale (par exemple des formations de sensibilisation à la lutte contre les discriminations via le sport) pour développer rapidement des stratégies locales de prévention utiles à tous les pays. Les résultats de l’enquête permettront ainsi la création d’une carte interactive de programmes, à partager au niveau européen sur notre site web : https://scoreproject.net.

Que montrent les premiers résultats de l’étude ?

Nous venons de finir l’étape de collecte des données. Les résultats sont préliminaires, mais nous pouvons dégager quelques conclusions : d’abord, il y a une grande variété d’activités sportives proposées, bien que le football prédomine. On observe aussi cette diversité parmi les porteurs de projets : la plupart sont des associations culturelles et ONG qui incluent le sport dans leurs activités d’accompagnement de réfugiés et demandeurs d’asile, ce ne sont pas forcément des instances sportives. Il y a pourtant de belles surprises : c’est le cas de la fédération irlandaise de football (FAI) avec son programme interculturel. C’est bien aux fédérations, clubs et institutions sportives auxquels le projet SCORE s’adresse particulièrement pour former et sensibiliser les acteurs sportifs et éducatifs locaux. Les principaux résultats seront présentés le 21 mars 2023 lors d’un séminaire.

Pouvez-vous nous donner quelques exemples de programmes ?

Le 21 mars justement, nous recevons trois témoignages de programmes menés par différents acteurs politiques et associatifs des pays européens du consortium, qui reflètent bien leur diversité. Le premier exemple est un club de foot allemand, Football Club ENTE BAGDAD, qui accueille dans son équipe des personnes réfugiées, et les accompagne financièrement et dans l’apprentissage de la langue. Le deuxième, Mondiali Antirazzisti, un collectif sportif italien, propose des formations de prévention en ligne et organise un événement annuel de lutte contre les discriminations. Et enfin, le projet « Combating Hate Speech in Sport » du Conseil de l’Europe qui coordonne plusieurs actions locales européennes.

La liste des 13 partenaires du projet SCORE : 

4 municipalités :

  • Mairie de Getafe, à Madrid (Espagne), leader du consortium
  • Mairie de Bilbao (Espagne)
  • Mairie de Sabadell (Espagne)
  • Mairie d’Ioannina (Grèce)

4 associations et ONG

  • CIDALIA (Association spécialiste en diversité), Madrid (Espagne)
  • Asociación de Ciudades Interculturales (RECI), Espagne
  • Interkulturella Städer Sverige (Villes interculturelles de Suède)
  • Development Organisation for Refugees and Asylum Seekers (DORAS), Ireland    

2 ministères espagnols (Intérieur, Migrations)

  • OBERAXE (Observatorio Español del Racismo y la Xenofobia- Ministerio de Inclusión, Seguridad Social y Migraciones), Espagne
  • Oficina Nacional de Lucha Contra los Delitos de Odio (ONDOD) del Ministerio del Interior, Espagne

3 universités :

  • OBITEN Observatorio de la Inmigración en Tenerife Fundación General de la Universidad de la Laguna (FGULL), Espagne
  • ETC (Europäische Trainings- und Forschungszentrum für Menschenrechte und Demokratie), Université de Graz, Autriche
  • Laboratoire VIPS2, Université Rennes 2, France
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