Date de publication
3 juillet 2023
modifié le

Colloque Égalisup : l’égalité des chances à la loupe

Rencontre avec James Masy, enseignant-chercheur en sciences de l’éducation à Rennes 2 et co-organisateur du colloque international Égalisup qui se tiendra sur le campus Villejean du 5 au 7 juillet 2023.

James Masy

Comment est né le colloque Égalisup ?

Ce colloque a été initié par Richard Étienne, spécialiste des sciences de l’éducation à l'université de Montpellier. Une première édition intitulée « Égalité des chances ou égalité des réussites dans l'enseignement supérieur » (Égalisup) s’est tenue à Montpellier en mars 2020, à la veille du premier confinement. Nous avons été quelques dizaines de chercheuses et chercheurs du monde entier à questionner l’égalité des chances au sein de l’enseignement supérieur, que je considère comme un angle mort de la recherche sur le système éducatif. On sait bien que tou·te·s les jeunes n’ont pas les mêmes chances. Environ 60 % des étudiant·es le sont à l’université, ce qui veut dire qu’il s’agit d’un espace où arrivent de nombreux jeunes d’univers sociaux et scolaires très différents, et cela crée des inégalités. S’interroger sur ces inégalités c’est se demander comment on permet à ces jeunes à la fois d’entrer dans l’enseignement supérieur mais aussi d’y rester : comment on les accueille, etc. J’ai beaucoup aimé ce colloque, donc j’ai proposé de continuer le projet avec Carole Daverne de l’université de Rouen et Richard Etienne. Le but est d’en faire un rendez-vous régulier qui tourne dans toute la France. 

Quels sont les objectifs de cette deuxième édition ?

Au-delà du fait de se rassembler pour discuter d’un thème, le but est vraiment de créer un réseau de spécialistes des sciences de l’éducation très ouvert, qui intègre des psychologues, des historiennes et historiens, des sociologues, etc. On accueille donc de multiples disciplines mais aussi des nationalités différentes : américaines, africaines, européennes, etc. La comparaison internationale est importante notamment sur les questions autour de la sélection, puisque l’accès à l’université est sélectif voire payant dans le monde entier. Et puis on observe des systèmes de vases communicants entre certains pays comme la France et la Belgique par exemple, donc on ne peut pas omettre la porosité entre des systèmes. Penser le monde de façon globale est une nécessité pour construire la recherche de demain. Notre but n’est pas de réformer l’université, mais in fine d’amener les décideuses et décideurs à réfléchir aux situations d’inégalités que nous analysons et de les outiller pour agir si elles et ils le veulent, même si l’application est longue et laborieuse. 

Quels seront les temps forts de ce colloque ?

Le colloque dure trois jours et attend une centaine de personnes. La première journée est dédiée aux tables rondes avec une sorte d’introduction, “L'égalité vers et dans l'enseignement supérieur”, et une deuxième est consacrée aux modèles de sélection dans le monde pour essayer de comprendre quels en sont les enjeux. Nous accueillons également une conférence de Mikaël De Clerq, un enseignant-chercheur belge qui interroge vraiment le concept de réussite. Enfin, le vendredi 7 juillet après-midi se tient l’assemblée générale constitutive du réseau Égalisup, à laquelle toutes les participantes et participants qui le souhaitent peuvent assister. Le but étant de reconduire le colloque de façon systématique et régulière. Pour les prochaines éditions, je rêve de pouvoir un jour proposer de discuter de l’émancipation et des processus de transformations qui ne sont pas uniquement scolaires. L’université n’est pas qu’un espace pour se former sur le plan académique, c’est aussi le moment où l’on passe d’adolescent·e à jeune et de jeune à adulte, où l’on construit un monde à soi et pour soi.

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