Monsieur Gildas Grimault  présente ses travaux en vue de l'obtention du diplôme de doctorat en science de l'éducation, sous la direction de monsieur Hugues Pentecouteau professeur des universités et monsieur Cédric Choplin maitre de conférence.

Titre de la thèse :

S’inventer bretonnant, apprentissage, socialisation et subjectivation. Une analyse du parcours d’adultes inscrits en formation professionnelle continue pour apprendre la langue bretonne

Résumé : 

Depuis la fin des années 1990, les formations professionnelles continues à la langue bretonne se sont développées en Bretagne (France). Chaque année, ces formations intensives accueillent plusieurs centaines d’adultes sur une durée de six ou neuf mois. Toutefois, l’extension de l’offre d’apprentissage (en formation continue ou dans un cadre scolaire) a mené au constat qu’il n’est pas suffisant d’apprendre une langue pour la pratiquer. Apprentissage n’est pas usage. Cela a conduit à penser la revitalisation en termes de socialisation langagière. Mais, là non plus, il n’est pas suffisant d’être en présence d’autres locuteurs pour parler breton : les bilingues d’une langue minoritaire partagent, très souvent, deux langues communes, et, en pareille circonstance, l’idiome majoritaire a tendance à prendre le dessus.
S’appuyant sur une méthodologie mixte qui articule une enquête quantitative et une enquête qualitative longitudinale par entretiens, cette recherche soutient la thèse que devenir bretonnant demande de subjectiver l’usage du breton ; le défaut d’usage est souvent un défaut de sens. Or, avec la diminution du poids des instances de socialisation qui donnaient un sens collectif à l’usage du breton, la quête de sens est devenue un processus biographique. C’est à cette recherche de sens que s’attellent les stagiaires de ces formations qui ne cessent de reformuler le récit singulier qui les a engagés dans l’apprentissage du breton. Cette thèse de doctorat cherche donc à démontrer que l’invention de soi comme locuteur d’une langue minoritaire est un processus identitaire qui se construit autour de trois dimensions : l’apprentissage, la socialisation et la subjectivation.

Abstract :

Since the late 20th century, continuing professional training courses in the Breton language have been offered in Brittany (France). Each year, several hundred adults take part in these full-time intensive programs, which last six to nine months. These programs are part of the language revitalization movement that emerged in the 1970s. However, the expansion of learning opportunities (in continuing education and in traditional schools) has led to the realization that learning a language is not enough to be able to use it, and is not the same thing as using it. This has led to a greater focus on revitalization in terms of language socialization. Even then, it is not enough to be in the presence of other speakers to speak Breton: speakers of minority languages often speak majority languages, as well. In many cases, the majority language, tends to take precedence.
Using a mixed methodology that combines a quantitative analysis and a qualitative longitudinal study via interviews with adults enrolled in language training programs, this research provides evidence that becoming a Breton speaker requires subjectivizing the use of Breton. However, with the decline of socialization institutions that gave collective meaning to using Breton, the quest for meaning has become a biographical process. It is this search for meaning that adults enrolled in training programs engage in, constantly reformulating the unique narrative that had led them to learn Breton. This doctoral thesis seeks to demonstrate that the invention of oneself as a speaker of a minority language is an identity-building process that revolves around three dimensions: learning, socialization, and subjectivation.