Sous la direction de madame Jimena Obregon Iturra
Titre : Se souvenir des massacres de travailleurs au Chili et en Colombie (début du XXe siècle - temps présent). Histoire comparée des mémoires des répressions étatiques de l'école Santa María (Iquique, 1907) et des bananeraies (Ciénaga, 1928)
Résumé : Cette thèse historise et met en dialogue les mémoires du massacre de l’école Santa María et celles du massacre des bananeraies deux répressions étatiques commises par l’armée, au début du XXe siècle, contre des travailleurs en conflit avec des entreprises étrangères. Elle vise à comprendre les ressorts de la présence récurrente et conflictuelle des deux épisodes d’extrême violence dans les sociétés chilienne et colombienne. L’étude comparative du phénomène mémoriel sur le temps long s’appuie sur une méthodologie et des sources hybrides, associant œuvres d’art, journaux, entretiens et divers documents d’archives, publiques et privées. De conjonctures partagées d’activation du souvenir apparaissent selon des modalités changeantes (douloureuse, épique, victimaire), permettant de concevoir des régimes de mémoire communs au Chili et en Colombie. Toutefois, la mise en mémoire est infléchie par les logiques contrastées des entrepreneurs de mémoire, leur incorporation différenciée des secteurs populaires et le (dés)engagement de chaque État. La nostalgie, ancrée dans ces deux territoires marqués par l’extractivisme minier/agricole, a pu archiver le souvenir de chaque massacre ; néanmoins, nombreuses sont les traces et marques spatiales susceptibles de réactiver un passé trouble, prêt à ressurgir métamorphosé, tantôt domestiqué, tantôt transformé en force accusatrice.
La soutenance est publique