Mercredi 14 décembre

Soutenance d'Habilitation à Diriger des Recherches de Monsieur Michaël GRÉGOIRE

La soutenance d'Habilitation à Diriger des Recherches de monsieur Michaël GRÉGOIRE se tiendra le mercredi 14 décembre 2022 à 13h30 à l'université Rennes 2, bâtiment Présidence, en salle des thèses au 7e étage.

Contenu sous forme de paragraphes

Monsieur Michaël GRÉGOIRE présente ses travaux en vue de l'obtention du diplôme d'Habilitation à Diriger des Recherches en linguistique hispanique sous la direction de madame Chrystelle Fortineau-Brémond, professeure en linguistique hispanique à l'université Rennes 2.

 

Titre des travaux:

D'une linguistique du signifiant à une lexicologie énactive.

Résumé:

Travaux de la thèse de doctorat à aujourd’hui:

Le mémoire de synthèse (tome 1) et le recueil d’articles (tome 2) présentent les principaux axes selon lesquels s’organisent mes travaux et les différentes orientations que j’ai suivies depuis la soutenance de ma thèse de doctorat en novembre 2010.

La première série de travaux se caractérise par des productions qui s’inscrivaient largement dans la lignée directe de celles de Chevalier, Molho, Launay, Delport, Toussaint et Guiraud accordant une importance de premier plan aux formes linguistiques. Ces premiers travaux ont surtout consisté à démontrer l’unité et l’unicité du signe lexical en espagnol en repartant de cas limites ou problématiques (antonymie / énantiosémie, co-référentialité, polyréférentialité). J’ai alors dès le départ proposé un protocole nommé La Théorie de la saillance, devenue par la suite Théorie de la Saillance Submorphologique, car j’avais pu observer que les formes lexicales renvoyaient au sens par l’exploitation métonymique d’une seule partie de leur morphologie, par mise en saillance. J’en suis alors venu à explorer les parties du signifiant appartenant à des stades précoces de la sémiogenèse et plus particulièrement les submorphèmes que l’on retrouve déjà en anglais, et dans une moindre mesure, les cognèmes selon Bottineau.

La seconde série de travaux porte sur un approfondissement du volet cognitif en lien avec le postulat de la primauté du signifiant, par le recours aux principes de l’énaction. Ce courant postule le rôle fondamental du corps en acte dans la construction cognitive en vue de l’émergence du sens et plus largement de la perception. Cela m’a conduit à explorer sous un autre angle la relation forme-sens et à mesurer l’implication de la notion d’expérience dans cette construction articulant aspects linguistiques verbaux et non verbaux mais également des facteurs situés non langagiers.

In fine, les productions les plus récentes tentent d’évaluer les applications possibles de la Théorie de la Saillance Submorphologique exploitée dans une perspective énactive, d’en consolider le protocole voire de le remodeler selon un principe essais-erreurs. J’ai alors proposé l’étude de poèmes visuels marquant des stratégies spécifiques d’accès au sens ou l’analyse de cas de dérivations composites exploitant plusieurs saillances distinctes au sein de formes données. J’ai également cherché à mettre en place des approches statistiques ad hoc applicables à la submorphologie ou au lexique et visant à démontrer plus objectivement la représentativité des submorphèmes, des vocables ou de leurs emplois.

 

Travail inédit

J’ai entrepris dans ce travail inédit (tome 3) une étude systémique et contrastive des principales dénominations actuelles de la zone du visage en français et en espagnol. L’objectif est d’évaluer, en analysant les formes linguistiques, les différences de construction cognitive de cette partie du corps dans ces langues. Pourquoi le visage ? Cette zone revêt une importance majeure sur un plan psychologique, social et langagier dans nos sociétés contemporaines (Yu 2001) du fait de son rôle prépondérant dans les interactions verbales ou non verbales, dans l’identification, dans la caractérisation de l’autre. Le visage apparaît en effet tout à la fois comme le siège des émotions, le lieu de l’interaction ou de l’apparence. Or les appellations du visage sont susceptibles de retranscrire tel ou tel point de vue socioculturel reposant sur tel ou tel aspect du faisceau de relations complexes qu’il met culturellement en œuvre.

J’ai choisi de croiser trois paradigmes ou approches qui me sont apparus nécessaires : l’énaction (Varela et al. 1993), la submorphologie au sens large (cf. e.g. Tournier 1985, Guiraud 1967/1986, Bottineau 2012) et l’approche linguistico-culturelle (Debrenne & Ufimsteva 2011, Luque Durán 2004, Sharifian 2017). Tout d’abord, étudier la construction cognitive d’une zone corporelle se prête particulièrement à une approche énactive du fait des paramètres liés à l’intersubjectivité, à l’expérience vécue et à l’engagement corporel multimodal qu’elle permet d’appréhender et que le visage en acte met régulièrement en scène. Par ailleurs, le caractère à la fois linguistique et culturel des submorphèmes dans la construction de l’expérience les présente comme des prismes intersubjectifs d’émergence du sens proprement culturels et, partant, susceptibles de mettre en lumière des convergences et des divergences perceptuelles au travers des langues. J’ai donc assorti cette démarche d’un nouveau protocole de calcul visant à déterminer d’une part les périmètres submorphologiques propres à l’espagnol et au français et, d’autre part, les taux de correspondances entre les groupes phonétiques et les expériences. Enfin, la démarche linguistico-culturelle s’avère nécessaire pour aborder de manière systémique les vocables. Il s’agit de repartir des énoncés les plus porteurs de ces marques linguistico-culturelles (énoncés parémiologiques et phraséologiques) mais également d’exploiter les collocations mesurées ou de prendre en charge les principaux co-référentiels ou les dérivés afin de caractériser plus précisément les vocables étudiés.

 

La soutenance est publique.

 

 

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