Il y a des équivoques de la langue, nous enseigne l’inconscient, qui font signe, laissant résonner Autre chose à quoi nous pouvons prêter l’oreille, ou pas. Aussi, que dire de celle-ci, qui au silence imposé, Chut !, vient malicieusement associer la chute ? S’agissant du secret que les êtres parlants devraient garder, Lacan en aura isolé le fondement : « le sexe n’est pas tout », sic ! Précisons : le réel du sexe objecte à la logique du Tout, aux empires de savoir et de pouvoir ainsi qu’à leur morale, dévoilant leur semblant. Il isola aussi ce que la révélation de ce secret produit comme « horreur de savoir », et parfois déchaînement de haine à l’endroit de celles ou ceux qui se feront signe de cette vérité. « Silence ! », dit le maître, toujours pressé de ranger tout le monde, y compris lacanien, deux par deux.
Sauf que, la vérité de l’inconscient, quant à elle, parle. Et de quoi ? De ce qui justement objecte au règne du Tout, et fait désordre : l’objet cause d’un désir, petit a, défini comme « chute de corps ». Le clown, Chaplin, le rire des enfants, en témoignaient déjà: il y a du sujet là où il y a gag, là où ça rate, tombe, glisse, rit, et se relève, encore. Il y a du burlesque chez le parlant. Keaton en fit son nom de scène : Buster, qui signifie chute. Mais alors, qu’est-ce qui dans cette "chute de corps", fait horreur au parlant, au point qu’il n’en veuille, férocement, rien savoir ? De quoi revenir au statut de cet « objet de la chute », dont Lacan fit « l’objet fondamental » de la psychanalyse, et la « pierre d’angle » de sa pratique. Pendant ce temps, Deleuze, ailleurs, nous soufflait : « habiter est une chute ».