
Qui dit colonisation dit surexploitation. Déforestation, érosion, désertification, effondrement de la grande faune : de la fin du XIXe siècle aux années 1960, la colonisation européenne de l’Afrique se traduit par un véritable choc écologique. Et depuis, la surexploitation continue. Tout comme la surprotection qui l’accompagne. Interdiction des droits d’usages, criminalisation des cultivateurs et des bergers, tirs à vue sur des « braconniers », expulsion de millions de paysans : les aires protégées d’Afrique sont devenues le lieu d’une violence quotidienne, et d’une ampleur sans précédent. Cette histoire coloniale puis postcoloniale est encore la nôtre aujourd’hui. Et depuis un siècle, elle est portée par des savoirs préconçus, des chiffres chimériques, des concepts sans fondement scientifique, bref, l’histoire de la nature africaine est portée par l’ignorance. Car ce qu’est l’Afrique ne compte pas : ce qui compte, c’est ce à quoi elle devrait ressembler, coûte que coûte.