17 octobre 18 octobre

Colloque international "Quand l'art fait symptôme. Une fenêtre sur le malaise contemporain"

Le  laboratoire  Recherches en psychopathologie et psychanalyse (RPpsy) et le laboratoire Arts : pratiques et poétiques (APP), organisent le Colloque International du groupe de recherche transdisciplinaire KAIROS "Quand l'art fait symptôme. Une fenêtre sur le malaise contemporain" les 17 et 18 octobre 2024, à l'université Rennes 2.

René Magritte. La clé des champs (1936)
Légende

René Magritte. La clé des champs (1936)

Contenu sous forme de paragraphes

Le célèbre Malaise dans la civilisation freudien fut conçu et rédigé dans un contexte particulier : S’inscrivant dans la continuité d’une réflexion du fondateur de la psychanalyse sur la culture, la société, la religion et l’anthropologie, — qui se décline initialement dans Totem et tabou (1913) ainsi que dans L’avenir d’une illusion (1927) —, il est aussi un écho, à l’échelle d’une réflexion élargie, à l’Au-delà du principe de plaisir de 1920. Il analyse les incidences de la pulsion de mort sur un plan collectif. Le contexte historique et politique d’un entre-deux guerres, nourri de tensions larvées, lui donne une résonance particulière et la tonalité rétrospective d’une prémonition de l’holocauste. Presque cent ans plus tard, force est de constater que le « malaise » sourde toujours au cœur du tissu social de notre civilisation néo- libérale, même s’il s’est de plus en plus habilement tapi sous l’illusion du progrès. Un certain scientisme n’a pas tenu ses promesses de bonheur, et la croissance exponentielle des connaissances ne profite pas à l’humanité de la manière escomptée, d’autant que cette dernière est confrontée depuis plusieurs décennies à un certain nombre de menaces autodestructives majeures.

La création artistique contemporaine s’attache souvent à faire saillir le malaise. Entre engagement surexposé du corps, parfois violenté, exacerbation des objets regard et voix, subversion du langage, ou encore usage détourné des technologies numériques, on assiste à une plongée au cœur des dimensions pulsionnelles les plus virulentes, et le spectateur se trouve confronté à une mise en lumière des modes contemporains de jouissance. De la manière la plus obscène à la plus fine médiation, un ensemble de productions artistiques nous parle du réel de notre existence, au cœur d’une civilisation tard venue (Spätzeit).

 « Quand l’art fait symptôme » interroge, d’une part, la fonction de l’art dans le lien social actuel notamment à travers la nouveauté des discours, la multiplicité des modes de jouissance et ses effets de résonances et de percussions sur le corps vivant. L’art vient ici comme un révélateur, voire un catalyseur, du malaise contemporain. Et, d’autre part, il interroge la fonction sinthomatique que peut prendre la création pour un artiste et de quelle façon il parvient à faire de son art un « escabeau » à son ego.

Ces deux champs d’études et de recherches explorent l’art sur le versant de l’inconscient réel, à l’époque de l’envers du beau, apollinien et protecteur, de l’envers de la représentation, de la montée au zénith de la jouissance et de la pullulation des objets. Situer l’art du côté du symptôme ouvre ainsi une fenêtre à travers laquelle nous pouvons cerner, à partir des œuvres artistiques actuelles, des bouts de  réel contemporain – entre sublime et déchet.

v-aegirprod-1