Date de publication
19 septembre 2024
modifié le

“Le sport fait partie de notre héritage culturel”

Rencontre avec Caroline Martin, spécialiste de biomécanique du tennis et joueuse de haut niveau, à l’occasion du focus sportif de la programmation culturelle de Rennes 2 ce mois d’octobre 2024. 

L’Université Rennes 2 avait obtenu le financement national de plusieurs projets, notamment BEST-Tennis, par le programme prioritaire de recherche (PPR) “Sport de très haute performance” mis en place en vue des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. Alors que l’événement vient de s’achever, quel est l’avenir pour ce projet ?

Le laboratoire M2S travaille en effet sur trois projets de recherche en lien avec les JO : Neptune sur la natation, REVEA sur la boxe, et BEST-Tennis sur le tennis, dont je suis l’une des co-porteuses. Avec d’autres chercheuses et chercheurs, nous avons d’ailleurs été mobilisé·es au Club France à Paris, sur le stand du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, pour présenter et expliquer ces projets au grand public. Le projet BEST-Tennis a été arrêté plus tôt que les autres mais nous avons continué à collaborer avec la Fédération Française de Tennis pour préparer au mieux les athlètes jusqu’à Paris 2024. Les projets REVEA et Neptune arrivent à leur terme en même temps que les JO et sont donc en phase de finalisation. 

Avec BEST-Tennis, dans le cadre de la préparation aux Jeux paralympiques, nous avons pu faire quelque chose d’inédit au laboratoire : collecter les données biomécaniques du service de l’ensemble des joueurs et des joueuses de l’équipe de France de tennis-fauteuil. C’est précieux car pour optimiser leurs performances, ces athlètes ont besoin d’un accompagnement encore plus individualisé selon leur type de handicap, la configuration de leur fauteuil, etc. L’idéal pour nous serait de pouvoir poursuivre ce travail de recherche sur une cohorte d’athlètes plus importante. Nous attendons justement les annonces du gouvernement sur la continuité de ces programmes prioritaires de recherche, pour continuer à préparer les athlètes avec lesquels nous travaillons pour les Jeux d’hiver de 2030 et de Los Angeles 2028. 

Fête du sport annuelle, anneaux olympiques, ordre décoratif spécifique pour les acteurs des JO, etc. Que pensez-vous des récentes annonces d’Emmanuel Macron concernant l’héritage des JO 2024 ?

D’abord, on sent qu’il y a une envie de pérenniser la grande réussite qu’ont été ces Jeux, que ça ne s’arrête pas là, ce qui est encourageant. Maintenant, est-ce que ces éléments vont être suffisants ? L’avenir nous le dira. En tout cas, l’héritage doit se construire à différents niveaux, pas seulement pour les sportives et sportifs de haut niveau mais pour toutes et tous, les personnes en situation de handicap, les personnes éloignées du sport, etc. Et pas seulement à l’échelle nationale mais aussi locale.   

En parallèle des JO, vous travaillez également à la création d’un musée numérique permettant d’exposer une collection de mouvements sportifs de grand·es champion·nes d’hier et d’aujourd’hui. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce projet ?

Je suis spécialiste du tennis et moi-même joueuse, passionnée de longue date, et lorsque Serena Williams ou Roger Federer ont pris leur retraite, j’ai pensé que je n’avais pas eu la chance de modéliser leurs mouvements en 3D comme nous sommes capables de le faire au sein du laboratoire M2S. Bien sûr nous avons de nombreuses images filmées en 2D lors des retransmissions TV, mais ce n’est pas la même chose, l’analyse en 2D n’est pas aussi précise. L’idée de ce musée est venue de là, de la volonté de ne pas vouloir perdre un pan de l’histoire du tennis. Le sport fait partie de notre héritage culturel. D’ailleurs l’objectif est d’ouvrir à d’autres sports. 

Il s’agit d’un musée virtuel visitable à distance, à partir d’un ordinateur ou d’un casque de réalité virtuelle, accessible à toutes et tous. Il permettrait de visualiser en direct le coup droit de Nadal par exemple, et potentiellement de se mettre en position pour y répondre ! Cela permettrait non seulement d’avoir des informations chiffrées précises telles que la hauteur d’impact, la vitesse du poignet, etc., mais aussi de comparer les mouvements de grands champions de différentes époques avec une approche historique, et d’autres possibilités liées à la réalité virtuelle. 

Nous travaillons en collaboration avec Anne-Lyse Renon, maîtresse de conférences en design graphique, et le laboratoire PTAC (Pratiques et Théories de l'art contemporain), pour réfléchir à la forme que prendra le musée, et à des représentations graphiques et muséographiques innovantes. Une première maquette est en cours. 

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