Les étudiant·es en M1, master des Approches créatives de l'espace public, pendant le festival Féral, lors de leur voyage d'études en Belgique en septembre 2023.
Qu’est-ce qui vous a conduites à candidater au master CAPS ?
Sarah Le Guellec. Je viens de la géographie humaine, sociale et culturelle. Après ma licence de géographie, j’ai fait un master 1 de géographie mention recherche à Paris. Ensuite, j’ai fait une année de service civique dans un groupe d’artistes, de sportifs et de chercheurs qui travaillent autour des relations entre art et sport dans le cadre de spectacles en espace public. C’est par ce biais que j’ai connu le master CAPS. Je suis arrivée avec un bagage géographique, mais ayant mis un pied dans le monde du spectacle, des associations, de l’art et de l’espace public. Ce qui m’intéresse beaucoup, c’est la recherche action, la recherche création et le croisement avec l’espace public.
Margot Buhler. J’ai fait deux ans de classes préparatoires à l’École nationale des chartes à Strasbourg, puis une L3 d’histoire de l’art en Erasmus à Dublin. Après, j’ai fait une année de césure en service civique où je faisais de l’animation culturelle et de la médiation dans un petit lieu culturel, dans un village de 300 habitants dans le Gers. C’était un territoire ultra rural où j’avais affaire à des publics que j’avais peu côtoyés jusque-là. Au contact de cette population, je me suis posée des questions sur les publics, ce qui m’a entraînée à postuler à CAPS. Pour ceux qui ont une ouverture vers l’art et la culture, l’espace public, c’est le nec le plus ultra, puisque tout le monde le pratique ! Je ne connaissais pas le master, j’ai juste épluché le site Mon Master pour trouver une formation en lien avec la médiation et la diversification des publics dans le champ de l’art et la culture.
Quelles sont vos premières impressions sur la formation dispensée à l’EUR CAPS ?
Sarah Le Guellec. C’est une formation qui répond vraiment à mes attentes. J’ai fait une pause dans mes études car j’en avais assez des cours très théoriques. Là, il y a une pratique du terrain qui n’est pas la même approche que dans d’autres disciplines. J’ai vraiment l’impression d’expérimenter de nouvelles choses. Par exemple, on vient de sortir d’un workshop de danse très chorégraphique, fondamentalement, je ne pense pas que ce soit pour moi, mais j’ai pu expérimenter quelque chose que je ne connaissais pas du tout. J’ai aussi expérimenté la photographie, on a un projet de film et d’autres cours qui nous poussent à développer des projets créatifs très libres en termes de forme. Je souhaitais vraiment expérimenter d’autres manières d’aborder des enjeux spatiaux. Le master CAPS offre la juste articulation entre une pensée théorique et une mise en pratique in situ dans l’espace public.
Margot Buhler. Pour l’instant, c’est très bien parti ! On a plein de projets. Ce qui m’intéresse particulièrement, ce sont les interventions de professionnels. Chaque semaine, on voit de nouvelles personnes : on a déjà travaillé avec une journaliste, une chorégraphe, un peintre en bâtiment qui fait des devantures de magasins avec des lettrages. La semaine prochaine on rencontre Cuesta. On a des cours de géographie, de cinéma, de littérature, d’urbanisme, d’histoire de l’art… Les encadrants viennent d’univers très variés avec des techniques d’apprentissage, de pédagogie, très différentes. C’est très intense en termes de projets. J’ai l’habitude des dissertations, des travaux de recherche. Rendre des essais, je sais faire… Mais là, on nous demande des rendus qui ne sont pas conventionnels : un court-métrage, un projet photo, un article scientifique… Il y a aussi beaucoup de travail collectif. Comment faire, à 19, pour réaliser nos travaux collectivement quand on a des emplois du temps très éclatés ? C’est un challenge.
Le voyage d’études que vous avez fait ensemble en septembre à Bruxelles vous a permis de mieux vous connaître.
Margot Buhler. Oui. On s’est retrouvés à 6h du matin un dimanche à la gare de Rennes. Ce voyage était très important pour la cohésion de groupe. Quand on passe plusieurs heures dans un wagon, qu’on partage une chambre dans une auberge, cela crée des moments de sociabilisation.
Pendant la journée à Anvers, discussion à propos de l'aménagement de Het Theaterplein (place du Théatre) par le studio Secchi Vigano (2004-2008). Crédit Agence Aître
Votre programme était très dense pendant ce voyage. Qu’est-ce qui vous a particulièrement intéressées l’une et l’autre ?
Sarah Le Guellec. À Anvers, nous avons visité un parc urbain, le Spoor Noord. On a revu toute l’histoire architecturale d’Anvers, avec sa gare qui est assez monumentale, et on a fini par ce parc qui était très moderne. Cet endroit était très intéressant en termes d’enjeux urbanistiques, cela recoupait un certain nombre de problématiques : comment on habite un lieu, comment on le conçoit, quelle concertation on envisage avec les publics… Ce projet avait fait l’objet d’une concertation avec les habitants qui avaient eu leur mot à dire, ils avaient choisi un certain nombre d’infrastructures. La question de la co-construction des espaces m’intéresse beaucoup. Cela recoupe d’autres enjeux d’environnement urbain, la question des traces, comment on crée à partir d’ensemble architecturaux qui sont déjà présents.
Margot Buhler. Notre auberge était située à Molenbeeck, en périphérie de Bruxelles. Nos professeurs nous ont fait nous arrêter dans un marché pour parler de l’image de la ville qui souffre d’une mauvaise réputation depuis les attentats du 13 novembre 2015. En nous faisant traverser ce marché, dans lequel on a entendu six langues différentes, nos enseignants nous ont mis face à un autre public que celui qu’on voit à Rennes. J’ai trouvé très intéressant que nos profs nous encouragent à nous interroger sur le rôle des politiques culturelles et des politiques publiques : comment peuvent-elles agir dans ces territoires ? Qu’est-ce qui est nécessaire pour changer l’imaginaire autour de ces villes ? Molenbeek par exemple est candidate pour être capitale européenne de la culture en 2030. L’autre chose qui m’a marquée, c’est le festival Feral qui rassemblait des acteurs et actrices du monde socio-culturel et associatif. Nous avons pu assister à des tables-rondes de professionnels et participer à des ateliers sur de nombreuses thématiques. Ce festival était organisé dans le Marais Wiels, tout près de la gare Bruxelles-Midi, pour alerter sur la sauvegarde des zones humides. En 2008, la crise financière a interrompu un projet immobilier. Sur ce terrain en construction, l’eau est remontée de la nappe phréatique et s’est développée une biodiversité similaire à celle que l’on trouve dans un marais. Aujourd’hui des associations de riverains et d’écolos veulent sauver ce lieu qui est devenu un refuge pour des animaux et des insectes et un poumon vert dans ce quartier où il n’y a pas de parc.
Que diriez-vous à des candidat·es qui hésitent à postuler au master CAPS ?
Sarah Le Guellec. Il n’est pas nécessaire d’avoir des compétences artistiques : le master est ouvert à toutes les disciplines. Mais, effectivement, il faut avoir un goût pour le travail en groupe et une ouverture, une envie d’expérimenter de nouvelles choses.
Margot Buhler. La formation est très tournée vers la création et la pratique artistique. Pour quelqu’un comme moi qui aime toucher à tout, ce master à la carte est très adapté puisque l’on peut choisir entre des cours très variés, en fonction de nos aspirations et centres d’intérêt, que ce soit des cours de peinture, de performance ou des cours de recherche en architecture, géographie, programmation culturelle…