Pourriez-vous vous présenter en quelques mots?
Je suis professeur d’histoire de l’Europe moderne à Montréal (UQÀM) et directeur du groupe de recherche en histoire des sociabilités (GRHS). Grâce à Dominique Godineau, directrice adjointe du laboratoire Tempora et enseignante à l’Université Rennes 2 (UR2), j’ai eu l’opportunité de venir dispenser des cours à Rennes en avril dernier.
Pouvez-vous nous parler plus en détail de vos interventions auprès des étudiant·e·s de Rennes 2?
J’ai reconstitué en leur compagnie les émeutes « Réveillon » du 27 avril et 28 avril 1789, qui ont surpassé bon nombre d’autres émeutes en termes de victimes et de répression. J’ai décidé de construire mon intervention comme une reconstitution, d’étudier à la loupe le déroulement des émeutes qui ont participé à la création d’une conscience populaire et à la naissance des Sans-culottes.
Le 27 avril 1789, le bruit court qu’un riche patron du nom de Jean-Baptiste Réveillon souhaite baisser le salaire de ses ouvriers alors que ceux-ci ont déjà beaucoup de mal à joindre les deux bouts. Une émeute éclate alors dans le faubourg Saint-Antoine. Le 28 avril, le régiment des Gardes françaises tire sur la foule, faisant plusieurs centaines de blessés et plus de trois cents morts.
Je suis aussi revenu sur les journées de juillet 89, et j'ai montré qu’au-delà de l’opposition à la monarchie et de la violence qui en a résulté, les insurgés ont fait preuve, à travers l’utilisation des figures de cire, d’un sens inédit de la mise en scène et du spectacle.
Si le XVIIIe est traversé par de nombreux bouleversements, la photographie n’en fait pas partie. On trouve à la place des figures de cire, très à la mode et surtout réputées très ressemblantes. De nombreuses personnalités sont ainsi représentées comme dans les boutiques de Philippe Curtius, sculpteur sur cire alors en vogue. Le 12 juillet 1789, les insurgés font irruption dans l’une d’entre-elles et s’emparent du buste du ministre Necker (que Louis XVI vient juste de renvoyer) et de celui du duc d’Orléans, qu’ils porteront en défilé jusqu’aux Tuileries. Par cet acte, ils montrent leur soutien à ces deux hommes et s’opposent au Roi, ce qui sera réprimé par l’armée royale. Le 14 juillet 1789, les bustes de cire font place à de véritables têtes dont celles du gouverneur De Launay et du prévôt des marchands, Jacques de Flesselles.
J’ai été très touché par l’intérêt des étudiant·e·s, leur participation et leur énergie lors de mes interventions. Je les en remercie chaleureusement.
Sur quel(s) projet(s) travaillez-vous en ce moment?
Avec des membres du laboratoire Tempora, je travaille sur le développement d’une plateforme numérique dédiée aux archives de Jean Nicolas, historien spécialiste de l'époque moderne qui a travaillé sur les émeutes parisiennes pré-révolutionnaires, du règne de Louis XIV à la Révolution française.
Pascal Bastien était invité à Rennes 2 dans le cadre de la chaire internationale en humanités et sciences sociales.