Comment est né ce projet d’Atlas social de la métropole rennaise ?
Brieuc Bisson. C’est un chantier du laboratoire Espaces et sociétés qui est transversal aux différents sites (Angers, Caen, Nantes, Le Mans, Rennes). L’Atlas social de la métropole rennaise est le dernier né des atlas, puisque ceux de Nantes et de Caen ont été lancés en 2020 et ceux du Mans et d’Angers en 2022.
Arnaud Lepetit. Nous bénéficions du retour d’expérience des autres sites, très utile notamment pour la dimension technique du projet. Les collègues de Nantes ont ainsi construit, dans une démarche de science ouverte, l’interface qui permet l’édition numérique de l’ensemble des atlas sociaux.
À qui cet Atlas en ligne s’adresse-t-il ?
B.B. Notre ligne éditoriale est d’ouvrir à différents types de publics. Concernant les publiants, nous souhaitons encourager les contributions des membres d’ESO, mais aussi d’autres équipes de recherche de la place rennaise, voire des institutionnels et des agences d’urbanisme. Nous pourrons aussi valoriser certains travaux de master.
Nous espérons toucher un nouveau lectorat : étudiant et chercheur bien sûr, mais aussi enseignant du secondaire, élus locaux, etc. Le format des planches est toujours le même, il a été pensé pour accrocher les lecteurs : un texte assez court, d’environ 6000-7000 signes, illustré a minima par une production graphique centrale (carte, photos, infographie, vidéos, extraits sonores…). Ces planches doivent servir de point d’entrée pour les décideurs et les enseignants et les orienter vers des articles scientifiques plus traditionnels s’ils souhaitent creuser le sujet.
Pourquoi avoir choisi ce titre de “territoire mosaïque” pour qualifier la métropole rennaise ?
B.B. La notion de territoire mosaïque renvoie à l’idée de fragmentation des espaces urbains et à l’image d’Odorico, figure notable de l’espace public rennais. La “ville archipel” est un concept fondé à Rennes à la fin des années 1970 par Jean-Yves Chapuis qui était adjoint à l’urbanisme : il s’agissait de penser le périurbain rennais sur un modèle différent de l’étalement périurbain traditionnel en France. Grosso modo, ce qui prédomine dans un certain nombre de métropoles, c’est l’étalement “tache d’huile”. À Rennes, on a voulu des espaces urbains au milieu d’espaces non urbanisés. Quand on fait le tour de la rocade, quasiment systématiquement, de l’autre côté, on voit des champs. C’est assez marquant. Ce principe a été inscrit très tôt dans les PLU, avec des espaces inconstructibles autour de noyaux bâtis pour contrôler l’étalement urbain, d’où l’idée d’un “archipel bâti” dans un “océan de verdure”. Ce caractère un peu diffus du périurbain autour de Rennes produit de l’émiettement, de la fragmentation qui peut être paysagère, territoriale, sociale et c’est précisément cette fragmentation que l’on veut mettre en avant sous tous ses angles possibles à travers la notion de territoire mosaïque. Le modèle de “ville archipel” fait partie de l’identité de la métropole rennaise et de son attractivité en termes de qualité de vie, etc. Il a aussi ses limites, sur lesquelles l’Atlas propose de se pencher. Ce modèle n’est-il pas en partie responsable des problématiques de transports et de congestion que l’on observe aujourd’hui ? D’autres villes qui ont un étalement périurbain en tache d’huile, ont pu mettre en place un réseau de transports en commun à l’échelle de la métropole : à Nantes par exemple, le tramway sort de la ville pour desservir d’autres communes. À Rennes, il serait difficilement envisageable de prolonger le métro jusqu’à Pacé.
À quoi s’intéressent les premières planches ?
A.L. Elles interrogeront le territoire de la métropole à plusieurs échelles : la rue, le quartier, le département, la région, et même l’échelle nationale et internationale. Aujourd’hui, cinq planches sont en préparation pour le lancement de l’Atlas en ligne. Il y a une planche sur les contrastes territoriaux concernant l’Aide sociale à l’enfance dans l’aire urbaine, une planche sur l’influence de la nouvelle ligne de métro en terme d’accessibilité à Rennes, une autre sur la dynamique démographique récente à l’échelle de la métropole, une planche sur la dimension participative dans la conception d’un quartier intergénérationnel à Corps-Nuds et enfin une planche sur le Stade Rennais qui met en regard l’identité bretonnante du stade avec son public… Nous prévoyons une deuxième salve de planches à la rentrée.