Comment s'est formé le groupe ? Quelle est l'origine du nom de votre groupe ? Racontez-nous vos débuts !
Isia-Lou. J’ai commencé la scène vers 13-14 ans, en reprenant des morceaux à la guitare ou au ukulélé. Malgré ma timidité, j’adorais jouer en public et j’ai eu la chance que des personnes me soutiennent en me proposant des concerts dans des fêtes de villages ou des guinguettes. Sans elles, je n’aurais peut-être pas osé me lancer. Quant à mon nom de scène, je n’ai pas eu à le chercher : mes parents l’ont trouvé pour moi en me donnant mon prénom !
Tris And The Soap Horrifique (Tris). À la base, j'écrivais et composais seule depuis quelques années, j’étais dans un univers plutôt folk. Mais je voulais prendre une direction plus pop/rock. Avec cette nouvelle direction j’ai eu envie d’avoir un groupe. C’est en rencontrant Louise que le projet s’est concrétisé. Nous avons d’abord joué en trio avec Emie Baron avant son départ de Rennes. Louise a ensuite rassemblé d’autres musiciennes avec qui elle jouait déjà, et le groupe est né : moi (Tris) au chant et à la guitare, Solenn à la guitare et aux chœurs, Louise à la basse et Anna au clavier.
Tanork. À l’origine, nous étions quatre : Melaine (basse), Eflam (guitare/chant), Mael (guitare soliste) et Lubin (batterie). Le nom “Tanork” vient de l’imaginaire de Mael et, contrairement à ce que l’on nous demande souvent, il n’a aucune signification bretonne ! Suite à des divergences sur la composition, Mael et Lubin ont quitté le groupe. En 2024, Morgann nous a rejoints à la batterie.

Isia-Lou lors de sa résidence au 4bis © Clara Rousseau, Service culturel - Université Rennes 2
Comment décririez-vous votre univers musical à quelqu'un qui ne vous a jamais écouté ?
Isia-Lou. J’écris des morceaux principalement en anglais avec quelques couplets ou refrains en français et je m’accompagne à la guitare acoustique ou électrique. On peut décrire mon style comme de la indie folk, c’est-à-dire une hybridation entre rock alternatif et folk contemporaine. Je ne me suis jamais trop posé de question sur mon style musical ; ce que j’aime c’est créer de belles mélodies, écrire des morceaux qui laissent place à la poésie, et prendre plaisir à les chanter et les partager. J’essaie d’avoir une démarche sincère, qui reflète mon intérêt pour les contre-cultures.
Tris And The Soap Horrifique. Je dirais que c'est un mélange de pop kitsch, british, bedroom pop. Il y a une touche rétro et vintage, combiné au home studio. C’est un univers assez onirique et pop. C’est un peu comme un rêve. C’est un voyage à travers différents personnages et ambiances, presque comme un rêve éveillé. Nos concerts reflètent cette dimension.
Tanork. Le metal se décline en de nombreux genres et sous-genres, et nous nous identifions clairement au death metal. Pour quelqu’un qui ne connaît pas ce style, il se caractérise par des patterns de batterie et des riffs de guitare pouvant être à la fois extrêmement rapides et techniques, ou au contraire lents et groovy. Le son des guitares et de la basse est fortement distordu, et les riffs jouent souvent sur la dissonance pour créer une atmosphère oppressante, parfois malsaine. Nous intégrons également des influences du punk Hardcore, qui renforcent l’énergie brute de notre musique. Si on devait définir notre musique en quelques mots nous dirions : malsaine, dissonante, groovy.

Tris and The Soap Horrifique © Guillaume Julien, Université de Rennes
La première chanson que vous avez composée ?
Isia-Lou. J’avais 13 ans et j’étais en troisième. Le collège était une période compliquée : j’étais très introvertie, tout en ayant envie de m’intégrer. J’ai écrit mon tout premier morceau, Alone, sur ce ressenti. Comme les chansons qui ont suivi, c’était un moyen d’expression pour moi. Aujourd’hui, je ne la joue plus, car son texte me semble naïf et difficile à assumer.
Tris And The Soap Horrifique. (Tris) Je compose depuis l’enfance. À 13 ans, en pleine période folk, je voulais être une écrivaine sérieuse. J’écoutais beaucoup Bob Dylan, Bon Iver et Ben Howard, et c’est dans cet esprit que j’ai écrit Lost. À 15 ans, j’ai sorti mon premier EP, Lost in Peace, qui parle du sentiment d’être perdu à l’adolescence, du passage à l’âge adulte et de la quête d’identité. J’en suis très fière, car c’est aussi grâce à cet EP que j’ai réalisé qu’on n’avait pas besoin d’attendre un studio pour créer, on pouvait tout faire soi-même.
Tanork. Notre première composition remonte à l’époque où nous étions encore quatre. C’est une compo qui figure sur notre premier EP instrumental intitulé Enhanced Surveillance et sur notre premier album et ce morceau s’appelle… Enhanced Surveillance. Ce morceau est en anglais, car à l’époque nous n’avions pas pris la décision d’écrire toutes nos paroles en breton.

Tanork
Avez-vous des thèmes qui vous inspirent ou des sujets privilégiés ?
Isia-Lou. J’écris de manière très instinctive. Je parle beaucoup du rapport aux autres et au monde. Aussi, je suis facilement heurtée par ce qu’il se passe autour de moi et parfois écrire est un bon moyen d’exorciser ce que je ressens. J’ai des chansons sur la solitude et sur l’amitié, aussi sur des sujets plus politiques, comme le capitalisme, ou l’imaginaire patriarcal. J’ai aussi des chansons plus imagées, que je n’aime pas trop expliquer parce que je les trouve plus belles et plus intéressantes dans leur abstraction. J’écris sur ce qui me touche et me semble important.
Tris And The Soap Horrifique. Les thèmes centraux dans mes textes sont la métamorphose, la naissance de la féminité, la naissance de la femme, la quête de soi. Ma transition a été une expérience profondément bouleversante dans ma vie. Ça a impacté ma vie à chaque échelle : de la perception de soi, aux regards des autres, mais aussi à la vie familiale et amoureuse. Pendant un moment ça a mis tout à l’envers, c’est déstabilisant mais aussi très intéressant et puissant. Au fil du temps, ma musique est passée d’une certaine naïveté à des sonorités plus sombres, j’étais perdue, déprimée. Puis, j’ai trouvé qui j’étais, les choses qui me plaisaient et j'ai retrouvé aujourd’hui une certaine légèreté et une joie enfantine dans celle-ci. J’aime aborder l’enfance et l’adolescence et je trouve cette période hyper intéressante.
Tanork. Nous essayons de faire des paroles engagées sur les thèmes suivants : les problèmes socio-politiques, dénonciation de la colonisation, dénonciation de l’exploitation animale dans les abattoirs, dénonciation de la guerre… Globalement des thèmes lourds, voire carrément moroses, mais d’actualité.
Avez-vous d’autres projets pour cette année ? Quelles sont les actualités du groupe ?
Isia-Lou. J’ai quelques dates de prévues, en plus du tremplin bien sûr : par exemple à Trimer le 24 mai et aux Champs-Géraux le 1er juin. J’aimerais aussi jouer davantage à Rennes et professionnaliser mon projet. Je travaille sur mon set pour mieux mettre en valeur les différentes ambiances de mes morceaux en live. J’explore de nouveaux sons de guitare, plus électriques, et j’aimerais intégrer des sonorités électroniques pour enrichir mon univers et lui donner une autre dimension.
Tris And The Soap Horrifique. Nous espérons nous ancrer dans la scène rennaise en multipliant les concerts en live. Nous n’avons pas encore de dates précises, mais notre objectif est d’apprendre, de nous perfectionner sur scène et de nous faire connaître localement.
Tanork. 2025 va être une année chargée pour Tanork ! Pour cette année nous allons essayer de faire un maximum de concerts possibles, parce que nous aimons beaucoup jouer en live ! En parallèle, nous perfectionnons les morceaux de notre prochain album, qui devrait voir le jour entre fin 2025 ou début 2026.

© Création graphique : Benoît Gaudin, Université Rennes 2
Qu'est-ce qui vous a donné envie de participer à ce tremplin musical ? Aviez-vous des attentes précises par rapport au dispositif ?
Isia-Lou. Jusqu’ici, ma pratique musicale a été assez solitaire. J’ai voulu participer à ce tremplin avant tout pour rencontrer des professionnel·le·s de la scène rennaise et échanger sur la construction d’un set qui me ressemble. C’est aussi une belle opportunité de jouer pour la première fois à Rennes, de faire découvrir ma musique à un nouveau public et, peut-être d’ouvrir la porte à d’autres dates !
Tris And The Soap Horrifique. Au départ, nous nous sommes inscrites un peu par curiosité, sans trop savoir où cela allait nous mener. Nous ne pensions pas vraiment être sélectionnées, donc ça a été une belle surprise ! En plus nous avions déjà pensé la mise en scène. Nous avons déjà eu l’opportunité de jouer une première date au Marquis de Sade et nous espérons que ce tremplin nous ouvrira d’autres dates ! L’expérience de la résidence est particulièrement enrichissante. Nous sommes en train de consolider notre cohésion en tant que groupe. Dès notre deuxième jour de résidence, nous sentions déjà une différence : on n’était plus juste Tris et le Soap Horrifique, mais bien un groupe !
Tanork. C’était une opportunité unique d’accéder à des résidences artistiques, d’avoir un regard extérieur et professionnel sur notre musique. Et bien sûr, la possibilité de jouer sur une grande salle comme celle du Tambour. Nous n’avons pas d’attente particulière, si ce n’est proposer un concert de qualité le 2 avril prochain, pour faire découvrir le death metal en breton à un public plus large !
Un tremplin vers l’avenir
Le service culturel de l’Université Rennes 2 est fier d’accompagner Isia-Lou, Tris And The Soap Horrifique et Tanork, trois projets musicaux singuliers qui témoignent de la richesse et de la diversité de la scène émergente. Grâce au tremplin « À vous de jouer ! », ces artistes ont bénéficié d’un accompagnement précieux pour affiner leur univers et préparer leur passage sur scène.