Date de publication
24 octobre 2022
modifié le

Denis Mukwege, Docteur Honoris Causa de l’Université Rennes 2

Le 21 octobre 2022, le chirurgien-gynécologue, prix Nobel de la Paix en 2018 pour son combat contre les violences sexuelles faites aux femmes en République Démocratique du Congo, a reçu la plus haute distinction universitaire au Tambour devant une salle comble.

Denis Mukwege au pupitre

En décernant le titre de Docteur Honoris Causa au Dr Denis Mukwege, ce 21 octobre 2022, l'Université Rennes 2 a souhaité honorer ses travaux et son engagement. Prix Nobel de la Paix 2018, le chirurgien gynécologue a fait connaître au monde la barbarie sexuelle dont les femmes sont victimes à l'Est de la République Démocratique du Congo où le viol collectif est utilisé comme arme de guerre. En 1999, il a ainsi fondé l’hôpital de Panzi où il a mis au point un modèle révolutionnaire de prise de charge des femmes victimes de sévices sexuels.

 

texte

Grâce à vous aujourd’hui, les valeurs humanistes d’intelligence, de solidarité et de paix portées par notre université trouvent à s’incarner.

Auteur de la citation
Christine Rivalan Guégo
Fonction de l'auteur
Présidente de l'Université Rennes 2

 

Devant une salle comble, Christine Rivalan Guégo a ouvert la cérémonie honorifique en soulignant les convergences entre l'Université Rennes 2 et Denis Mukwege, en termes de valeurs comme de thématiques de recherche : le laboratoire ACE et l’UFR Langues mènent en effet à ses côtés des projets visant à l'élaboration de dispositifs d'envergure, autour de la mémorialisation des témoignages des survivant·e·s de viols et violences. Marraine de la soirée, Renée Dickason, professeure en civilisation et histoire contemporaine - histoire culturelle et médias britanniques de l'Université Rennes 2, co-directrice de l'Anthologie vivante sur les Mémoires de guerre et de Mélanges en hommage au Pr. Dr. Denis Mukwege en 2020, est revenue quant à elle avec une émotion palpable sur le parcours de Denis Mukwege et les moments de vie qui ont suscité sa vocation. Parrain associé, Jean-Philippe Harlicot, gynécologue au CHU de Rennes a poursuivi avec un discours teinté d’humour et d’une grande admiration pour la « guérison "holistique" » inventée par son confrère.

Denis Mukwege sur scène aux côtés de Christine Rivalan Guégo avec son diplôme Honoris Causa en mains
Légende

Denis Mukwege recevant son diplôme de docteur Honoris Causa des mains de Christine Rivalan Guégo.

texte

Par cette reconnaissance, [...] vous témoignez votre solidarité envers les Congolaises et toutes les survivantes de violences à travers le monde. 

Auteur de la citation
Denis Mukwege

 

C’est dans un silence attentif et devant nombre de téléphones braqués sur lui que Denis Mukwege s’est ensuite avancé au pupitre. Il a exprimé sa « profonde gratitude au nom de [son] personnel et des survivantes » envers l’Université pour « ce privilège » : « Par cette reconnaissance, vous exprimez avant tout votre refus de l’indifférence face à un crime abject, déshumanisant et dévastateur : les violences sexuelles liées au conflit. [...] Vous mettez aussi en lumière l’une des pages les plus sombres de l’histoire moderne, la guerre qui ravage l’est de la République démocratique du Congo. » Le gynécologue a rappelé qu’à l’heure où il parlait, dans ce pays « 5 500 000 personnes [étaient] déplacées, sans assistance humanitaire, des millions de femmes violées : plus de 70 000 sont traitées [à l’hôpital de Panzi] : ce n’est que le sommet de l’iceberg ». « Les travaux que vous menez ont une grande signification pour les victimes », a-t-il ajouté à l’adresse de Renée Dickason. Son appel à « avancer sur le chemin de la paix » a été salué d'une standing ovation de plusieurs minutes. La cérémonie s’est clôturée en musique, avec les musiciennes Aurore Le Goff (piano) et Laura Le Goff (alto).

Avant la cérémonie solennelle, une table-ronde s’est tenue autour de son ouvrage récemment publié, La force des femmes, un récit autobiographique retraçant le combat de sa vie et rendant hommage à différentes héroïnes. Animée par Christine Rivalan Guégo, la discussion autour de ce « livre dont on ne sort pas indemne » a réuni Florence Binard, professeure à l’Université de Paris, civilisationniste spécialiste du genre et la diversité, Valeria Pansini, maîtresse de conférences en études italiennes à Rennes 2 et membre de l’unité de recherche Tempora, ainsi que Michel Prum, professeur émérite à l’Université de Paris ayant particulièrement travaillé sur l’histoire des idées dans l’aire anglophone. Les pistes d’actions en matière d’éducation, de justice et de recherche ont été au cœur de l’échange. « J’espère que nous n’en resterons pas à une simple lecture, et que l’ensemble de la communauté universitaire pourra aussi apporter sa contribution à ce chantier qui est énorme et nous concerne tous et toutes », a conclu Christine Rivalan Guégo avec l’approbation des intervenant·e·s. La rencontre s’est achevée avec une séance de dédicaces du Dr Denis Mukwege dans le hall du Tambour.

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