Date de publication
15 mars 2024
modifié le

Chaire des Amériques : rencontre avec Diego Guerra, historien de l’art, spécialiste de la photographie

Diego Fernando Guerra, professeur invité à la Chaire des Amériques du 14 février au 8 avril 2024, est enseignant-chercheur en histoire de l’art aux universités de Buenos Aires, Tres de Febrero, San Andrés et Palermo.

Diego Guerra

La thèse de doctorat de Diego F. Guerra portait sur la photographie post-mortem en Argentine aux 19e et 20e siècles. Il travaille actuellement sur les questions de la photographie, de l'art et des industries culturelles, ainsi que sur l'étude et la valorisation des archives photographiques.

Quel est votre programme à Rennes 2 ? Sur quoi portent vos interventions ?
Diego F. Guerra. Une partie de mes activités ici à Rennes 2 est en lien avec mes travaux de thèse sur la photographie post-mortem en Argentine aux 19e et 20e siècle. Je donne deux conférences sur l’un des aspects de mon sujet de thèse, c’est-à-dire,  la participation des artistes français à la peinture et la photographie post-mortem en Argentine, à Buenos Aires pendant la deuxième moitié du 19e siècle. J’ai également prévu une conférence sur le lien entre la littérature et la photographie en Argentine, en rapport avec les travaux de Nestor Ponce. J’ai l’intention d’analyser le discours sur la photographie et les imaginaires qui sont présents autour de la photographie comme moyen de représentation, le problème de l’objectivité photographique, la liaison entre la photographie et la réalité et les débats sur le roman naturaliste au 19e siècle en France et en Argentine. Je parlerai aussi de la participation de la photographie d’avant-garde dans les années 1920 et 1930 à Buenos Aires, à l’émergence de la littérature et de la poésie d’avant-garde, chez Borges par exemple. Je vais également donner un cours d’introduction à l’analyse de l’image et parler de quelques problèmes théoriques et méthodologiques à des étudiants en licence d’espagnol. Je consacrerai une partie de mon temps à des recherches bibliographiques à la BU centrale et aux Archives de la critique d’art, et peut-être même à Paris, à la BNF. Enfin, je me rendrai à l’invitation de l’Université de Bretagne Occidentale (UBO) pour donner des conférences à Brest et à Quimper sur ces sujets. 

Que pouvez-vous nous dire de votre sujet de thèse sur la photographie post mortem? Était-ce une pratique répandue ?
Diego F. Guerra.
Cette pratique était courante au 19e siècle. La photographie post mortem est un genre de portraits qui s’est développé dès le début de la photographie en France, aux États-Unis, en Angleterre et un peu partout. Cela faisait partie de la production générale des portraits photographiques dans les années 1840. Il s’agissait tout simplement de photographier les morts, sur leur lit de mort, dans leur cercueil, ou en d’autres lieux, en procédant à une mise en scène. Le cas le plus célèbre en Argentine est celui d’un ancien président, Domingo Faustino Sarmiento, qui a été photographié après sa mort : son corps a été embaumé, habillé et installé dans un fauteuil, à côté de son bureau. L’objectif des portraits post-mortem n’est pas très différent des autres portraits : il s’agit essentiellement de montrer la physionomie individuelle et l’appartenance sociale du modèle.


Sur quoi portent vos recherches aujourd’hui ?
Diego F. Guerra.
Cela a été difficile et en même temps un soulagement de mettre fin à ce sujet de recherche sur la photographie post mortem. Aujourd’hui, je m’intéresse à la photographie en Argentine pendant le 20e siècle et à son insertion dans l’industrie culturelle de masse. Dans ce cadre, j’étudie l’émergence d’un champ, - au sens bourdieusien du terme -, photographique relativement autonome aussi bien professionnel qu’artistique, c’est-à-dire l’émergence des débats sur l’autonomie professionnelle des photographes commerciaux, publicitaires, de la mode ; à leur participation à des initiatives de légitimation esthétique de groupes artistiques indépendants et à la réalisation de périodiques spécialisés en photographie.


Pourquoi avoir candidaté à la chaire des Amériques ?
Diego F. Guerra.
J’avais gardé un très bon souvenir de ma mobilité doctorante à Rennes 2 et j’avais envie de revenir pour rendre compte de la finalisation de mon doctorat et échanger avec les collègues dans ma condition de chercheur formé. Je connais Nestor Ponce depuis quinze ans. Il m’a aidé pour candidater à la chaire et m’a accompagné dans toutes les démarches administratives à l’arrivée et m’a introduit auprès des collègues de Rennes 2 et des autres universités bretonnes pour organiser mes interventions. Je me sens chez moi ici !


Comment allez-vous poursuivre votre collaboration avec le Centre d’études des langues et littératures anciennes et modernes (CELLAM) ?
Diego F. Guerra.
L’université Tres de Febrero pour laquelle je travaille a une convention avec Rennes 2 et je vais développer les contacts avec les chercheurs ici. Mon laboratoire, le Centre de recherche en art, matière et culture, est spécialiste de la dimension matérielle des œuvres d’art. Je suis le directeur du programme sur la photographie et j’ai l’intention de développer les échanges et les projets conjoints avec le CELLAM, sur l’axe de recherche “Confluences : littérature et arts”. 

 

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