Date de publication
7 février 2023
modifié le

Traits intimes : Joub dévoile les corps et les âmes en BD

Joub, auteur breton de bandes dessinées, s’est intéressé à la relation de chaque personne avec son propre corps. L'exposition "Traits intimes", issue de l’ouvrage du même nom et présentée à la BU Centrale à partir du 3 février “interroge l’intimité de l’autre pour tenter de se comprendre soi-même”.

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Joub : extrait de "Traits intimes"

Joub, auteur breton de bandes dessinées, s’est interrogé sur la représentation que chaque personne a de son propre corps. L'exposition “Traits intimes” issue de l’ouvrage du même nom et présentée à la BU Centrale à partir du 3 février “interroge l’intimité de l’autre pour tenter de se comprendre soi-même”.

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Joub dans son atelier
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Joub nous reçoit dans son atelier dans la région de Rennes 

Pouvez-vous rapidement vous présenter ?

Je m'appelle Joub, je suis auteur de bandes dessinées depuis 25 ans, je dirais. J'ai toujours voulu faire ça. J'ai fait une vingtaine de livres, des BD jeunesse et tous publics. Ca, c'est mon activité principale. Par ailleurs, être auteur et dessinateur de BD implique de vouloir travailler son dessin. Donc, à côté, je pratique un peu l'aquarelle, le modèle vivant, la peinture à l'huile, et cetera pour nourrir le dessin.

La BU présente des planches extraites de votre ouvrage Traits intimes, comment est né ce projet ?

Traits intimes est un livre sur le rapport au corps. C'est issu de l'envie de reprendre le modèle vivant que j'avais pratiqué à la fac, à Villejean, sur le campus de l’université Rennes 2. Et puis chemin faisant, j'ai eu envie de raconter des histoires à partir du corps. De là, j'ai commencé à poser des questions aux modèles. D'abord, comme ça, dans le cercle un peu intime, aux copains, aux copines ; les dessiner en posant des questions, en ajoutant du texte. Au début, je n'avais pas l'idée de faire un livre. C'est vraiment un exercice que j'ai fait très librement. Donc je demandais à tous les gens qui me semblaient pouvoir être intéressés autour de moi. J'ai vu qu'il y avait des thèmes qui se dégageaient, mais toujours pas l'idée du livre.

C’est plus tard, en voyant les les réactions positives sur Facebook (NDLR : là où les premiers portraits ont été initialement publiés), notamment d'un copain dessinateur et éditeur à Nantes (Fabien Grolleau, cofondateur de Vide Cocagne) que j’ai envisagé de les publier et commencé à réfléchir différemment. C'était un exercice libre où j'ai amassé des témoignages. Là, il fallait construire un livre, donc bâtir une articulation, une logique.

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Mélodie interrogée par Joub
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 Traits intimes "interroge l’intimité de l’autre pour tenter de se comprendre soi-même"

Auteur de la citation
Fabien Grolleau
Fonction de l'auteur
Éditions Vide Cocagne

Se mettre à nu, littéralement, mais aussi par le biais de confessions intimes demande un certain courage, comment avez-vous pris contact avec les modèles ?

Dans l’optique de construire le livre, j'ai contacté des gens variés, aux profils et aux histoires qui me semblaient manquer aux témoignages originaux, pour faire un tout. Il y en a qui me disaient rapidement que ça les intéressait pas, d'autres qui, assez souvent malgré tout, qui me disaient que l'exercice les intéressait. Après j’avais mis en place un processus pour les mettre en confiance. Ils avaient déjà les pages que j'avais faites et que je leur montrais, pour voir un petit peu ce que pouvait donner l'exercice. Ce n'était pas obligatoirement des choses dénudées. Il y a des gens qui sont nus, il y a des gens qui sont plus ou moins habillés. En revanche, c'est assez voyeur dans les cadrages, et ça c'est quelque chose que je leur disais tout de suite. La première chose qu'on faisait c'était d'abord l'interview, savoir ce qu'ils avaient à raconter sur leur corps. Je demandais aussi de changer de prénom pour garder le côté anonyme. Et rien que ça, ça ouvrait le fait que les personnes se livrent, on rentrait dans un jeu d’acteur.

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Planche extraite de "Traits intimes" : Thierry
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Extrait de Traits intimes (Joub, Vide cocagne, 2019)

Tous les témoignages sont agencés de la même manière, en 6 cases. Pourquoi ce choix ?

Ce sont des témoignages en une page. C'est un travail issu de l'atelier de modèles vivants où les poses vont d’une minute à sept-huit minutes maximum, c’est donc quelque chose d'assez rapide. Je voulais un trait assez spontané, donc j'ai mis en place une grille assez forte de six cases. J'ai aussi développé une méthode de travail qui me permettait d'avoir un trait instinctif, une mise en couleur sur Photoshop, et cetera qui était très rapide pour rester dans le côté authentique de la rencontre.

Les portraits sont entrecoupés de planches sur vous, votre vie...

Oui plutôt que d'enchaîner tous ces portraits les uns après les autres, j'ai décidé de faire un parrallèle avec ma vie. Je n'allais pas très bien à cette époque là. J'étais entre la Guyane, la Bretagne… Les enfants qui partaient à la fac et quittaient le foyer, pas mal de problèmes de boulot aussi. J'ai décidé de raconter un peu en fil rouge ma dépression. De là, j'ai bâti un livre avec une vraie structure, un début, une fin. Et puis, évidemment, quand le livre est sorti et que je l'ai relu, je me suis rendu compte que c'était pile poil le questionnement que j’avais sur moi : toutes les questions que j’avais pu poser aux autres, je me les posais aussi. Donc c'est un livre qui m'est très cher et que j'aime beaucoup pour la façon dont je l'ai réalisé, la façon dont se sont passées les rencontres. Parce que c'est surtout un livre de rencontres. Il m'a énormément enrichi et m'a permis de passer une étape de ma vie.

Texte important

Exposition du 3 février au 17 mars 2023

Mardi 14 mars

  • 17h - Rencontre avec l'auteur
  • 18h - Dé-vernissage de l'exposition
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